Enseignement à distance : la motivation des étudiants

Comment recomposer un cadre d’apprentissage motivant pour l'année universitaire ?
Innovation pédagogique, Formation
Visuel de la série sur l'enseignement à distance
Visuel de la série sur l'enseignement à distance "En Allant Discuter"
"En distanciel, c'est tout un contexte scolaire qu'il n'y a plus. On est moins motivés, on n’a pas le contact qu'on a d'habitude avec les autres étudiants" nous disait Achour*, étudiant en 3ème année d’informatique. L’isolement ayant un impact direct sur les apprentissages de l’étudiant, comment la motivation a-t-elle été préservée pendant la continuité pédagogique ?
* Par soucis d'anonymat, le nom des étudiants a été modifié.

Au début de l’année, plusieurs débats ont eu lieu au sein des composantes sur le mode d’enseignement à adopter dans un contexte incertain : présentiel, distanciel ou hybride. Chaque étudiant a pu trouver des avantages et limites à ces différents modes d’apprentissages, avant de passer en tout distanciel. Des étudiants de plusieurs disciplines nous ont raconté ce premier semestre 2020 à l'Université Grenoble Alpes.

L'adaptation aux besoins

Si tout ne peut pas être parfaitement adapté à la situation, des méthodes ont été remarquées avec enthousiasme par les étudiants. Comme nous le dit un étudiant en première année de STAPS : « En cours de neurosciences par exemple il y avait une alternance entre les TD et les cours. La prof partageait beaucoup son écran, ça permettait en TD de se positionner sur nos cours à nous, sur le bureau, et de suivre ce qu’elle expliquait via son écran. On pouvait interagir sur des questionnements. Il y a des TD qui fonctionnent différemment : on corrige des exercices et c’est terminé. » C’est aussi et surtout la dynamique de l’enseignant qui a été remarquée dans ces cours, poursuit Ethan : « Ce que j’ai préféré dans les TD d’anatomie, de neurosciences et de bio-mécanique c’est la dynamique des enseignants. Par exemple la présentation dans le cours de neuroscience la présentation de l’enseignant était bien. »

Cahier de noteNombreux choix ont été effectués à cette période et ont participé à questionner la plupart des modes d’apprentissages. « Le premier semestre de cette année, j’ai eu beaucoup de mal à prendre des notes parce que je savais qu’il y avait des supports de cours lorsqu’ils sont bien expliqués. Mais à partir du distanciel j’ai totalement arrêté de prendre des notes pendant les cours. » Les enseignants ont parfois déployé de nouvelles formes de cours, comme des cours vidéo, audio, et évidemment en visioconférence. Mais le bilan reste contrasté, notamment par l’organisation donnée à ces formats : « On n'a pas forcément l’envie de regarder une vidéo qui n’est pas sur un créneau de cours. Je pense que c’est une des pires expériences à distance que j’ai eue, voilà ! »
Quentin, étudiant en deuxième année droit.

La diversité des modes de fonctionnements

Chaque enseignant et étudiant ayant son mode d’organisation, tout ne peut pas convenir parfaitement à chacun, comme nous le dit Jason, un étudiant en dernière année de Master : “Ça dépend beaucoup du profil des gens. Certains n’arrivent pas du tout à se concentrer lors des Zoom, certains préfèrent avoir le cours et le travailler eux-mêmes de leur côté, à condition d’avoir des éléments de cours (partage de note, diaporama…) tout comme en temps normal certains ne viennent pas en amphi”. Lisa, étudiante en première année de SHA (Sciences Humaines Appliquées) résume bien cette ambivalence: “Ça me prend plus de temps, mais personnellement je préfère l’écrit, je suis plus à l’aise. Disons que je m’en sors mieux parce qu’avec un cours à distance j’ai plus de mal à suivre le prof et à rester attentif, alors qu’avec l’écrit je suis forcé de recopier et de lire.".
Nous avons pu observer que filières techniques ont dû s’adapter plus particulièrement à cette situation. Manque de matériel, importance des manipulations techniques… Des enseignants ont pu trouver des ressources existantes ou fournir du matériel pour garder les étudiants investis. Par exemple Julien Bobroff, enseignant de physique, raconte dans le podcast Pedagoscope la mise en place de travaux pratiques à distance. Pour lui, la situation a permis de réadapter les séances de TD grâce aux outils numériques, notamment en utilisant les smartphones et applications des étudiants pour la continuité pédagogique.

Cela a permis de faire de la science comme on en avait pas fait jusque-là.

La pluralité des formats

Le suivi est nécessaire pour préserver la motivation et l’autonomie des étudiants. Difficile à maintenir pendant la continuité pédagogique, cela a pu passer par d’autres formes d’interactions. Des solutions techniques peuvent participer à maintenir la motivation des étudiants pendant et au-delà du cours, indépendamment de l’enseignant et en donnant un cadre d’autonomie intéressant à l’étudiant, et en s'adaptant à leur charge de travail.

Pour aller plus loin
> Comment préserver des dynamiques d’interaction dans l’apprentissage à distance ?
> Les étudiants acquièrent une nouvelle capacité à travailler en autonomie
> L’accès et l’usage des ressources pédagogiques

SondageYassine, étudiant en informatique nous fait part de la dynamique que permet la plateforme numérique CASEINE : « Ça nous permet de nous dire, ce soir je vais me prendre 20 petites minutes pour travailler la recherche opérationnelle par exemple, et si j’ai bien compris le cours […] On va sur le site, et on sait directement ce qu’il y a à faire. Quand on réussit il y a une validation, et une petite jauge qui se remplit. Il y a un peu de satisfaction. Je suis quelqu’un qui joue beaucoup au jeu vidéo donc compléter les achievement ça me parle. […]"

L’application CASEINE permet à l’enseignant de faire participer les étudiants sur un sujet à la fois en classe et hors de la classe, grâce à un système de quizz qui vient compléter les savoirs et les vérifier : « On a des exercices qui sont parfaitement en lien avec ce que l’on vient de voir. Qui sont, en plus de difficultés incrémentales, on a vraiment du très basique au début pour se mettre dans le bain, qu’on se remémore le cours. Et après, on a du plus poussé pour voir jusqu’où on peut aller. » Le même étudiant, à propos du même cours et de la même enseignante, nous parle avec enthousiasme d’un autre mode de participation :
Elle fait des sondages pour savoir comment on se positionne par rapport à un problème et ensuite elle donne la solution. Ça nous permet de réfléchir au problème par nous-même, et si on trouve la solution ça veut dire qu’on a vraiment compris. Et si on se trompe, on aura vu notre erreur et on se sera aller sur la bonne voie, ce qui permet aussi de bien retenir le cheminement.

Conclusion 

Grâce à ces différentes solutions, l’étudiant se sent acteur de son apprentissage à distance malgré la situation et le manque de présence physique. L’alternance entre ces types de contenus peut aussi être une manière d’intégrer différentes compétences des étudiants. C’est dans la diversité des formats et modes d’apprentissage que l’étudiant pourra trouver une méthode et un rythme de travail qui lui convienne.
 
Mis à jour le  18 juillet 2024