Dans le contexte de continuité pédagogique, enseignants et étudiants s’adaptent. N’existant pas de solution toute trouvée, certains leviers de pédagogie ont été nettement revalorisés dans un contexte perturbé. Les questions d’accès aux ressources et leur appropriation se sont posé plus que d’ordinaire.
Des outils numériques ont été déployés par l’Université Grenoble Alpes, comme le présente Mathis, étudiant en informatique : « Pour chaque cours, il y a une plateforme en ligne. Celle du prof, Moodle ou Chamilo. Il y avait CASEINE pour un cours en particulier. Il y aussi Mattermost et celle qui m’a le plus surprise c’est BigblueButton. C’était simple d’utilisation, on aurait dit une sorte de plateforme de cours magistraux, mais on [les étudiants] a cette possibilité d’interagir en dessinant sur le tableau blanc. »

Des outils pour remplacer le présentiel à distance

La communication est une condition essentielle au bon fonctionnement de l’enseignement à distance à l’université. Elle permet à toutes et tous d’avoir un niveau d’information égale. Pendant cette année à distance, étudiants et enseignants ont majoritairement communiqué par écrit : emails et messageries instantanées. L’université a par ailleurs préconisé l’usage des plateformes Moodle et Chamilo comme espace de transmission d'informations pédagogique. Axel, étudiant en STAPS témoigne :
Je dirai que Moodle est plutôt bien agencé, on s’y retrouve facilement, les dépôts de fichiers sont plutôt simples, si les profs font ça bien. Parfois il y a des problèmes sur les dates de rendus mais c’est des détails. Je dirai que Moodle c’est pas mal pour récupérer des données et déposer des rendus. Pour ce qui est de Chamilo, je dirai que c’est une bonne plateforme pour récupérer des fichiers, comme Moodle, même si je sais qu’il y a la messagerie, mais il y a la même chose sur Moodle, mais on ne l’utilise pas.

La multiplication des outils a pu rendre difficile l’accès aux cours en ligne. Les enseignants remarquent le temps perdu pour que chaque étudiant se connecte à la salle de réunion ZOOM correspondante. “Même si c’est sur Zoom, les cours sont planifiés, donc ça donne un cadre, un emploi du temps. Mais bon il y a aussi eu beaucoup de changements au jour le jour. Ça ne peut pas être aussi cadré que d’habitude”, nous confirme un étudiant en communication.

De nombreux étudiants s’estiment chanceux d’avoir accès à divers outils et logiciels. “Avoir eu la possibilité de voir quelqu’un, même en virtuel, ça rend les choses plus concrètes que ça ne l’aurait été il y a quelques années, où on aurait seulement eu des fichiers envoyés par mail.” nous explique un étudiant en Master de communication. Cependant, un petit groupe en deuxième année d’urbanisme nous rappelle que tout le monde n’a pas cette chance là, et vante la solution proposée par leur professeur de statistiques : “Au cas où on passerait en distanciel, il a déjà mis en place un Windows Team. Ça nous permet d’avoir Excel chez nous, et ça résout ce problème d’accès aux logiciels que tout le monde n’a pas”.

Le tutorat : une forme de soutien privilégiée

Au-delà de toute nouvelle innovation, certains systèmes peuvent apparaître comme une solution adaptée à tout un chacun, comment le témoigne le tutorat, les forums de discussions et l’entraide de manière plus générale. En Première Année Commune aux Études de Santé (PACES) et ailleurs, l’adoption de parrains et marraines est encouragée. En effet, face aux difficultés vécues lors de la première année de médecine, les étudiants se soutiennent à différents niveaux tout au long de la scolarité. En ce début d’année scolaire, le tutorat revêtait le seul présentiel des étudiants de première année, qui y ont beaucoup tenu comme nous le partage Sonia :

"En distanciel tu ne peux pas interagir avec le prof, il ne voit pas forcément le chat quand on pose une question surtout s’il y’en a beaucoup, du coup c’est compliqué. Heureusement qu’on a des parrains et marraines de 2ème année pour leur poser nos questions. On fait ça à la bibliothèque, c'est notre seul moment de présentiel. Ça nous aide aussi à maintenir un lien social avec l'université et le soir on peut profiter pour parler d'autre chose avec les personnes de la résidence. Certains travaillent ensemble mais nous on ne mélange pas trop la maison et le travail."

À l’UGA il est possible de proposer du tutorat à partir de la deuxième année de licence. Par exemple, pendant le confinement, ces tutorats ont été maintenus en visioconférence à l’Institut d’Urbanisme. Pour vous inscrire au sein de votre composante, rendez-vous en début ou en cours de semestre sur la rubrique Emploi étudiant de l'université.
 

Favoriser l’accès à la bibliothèque, à la recherche documentaire

Avec Internet, on peut aujourd’hui atteindre des ressources qu’il fallait autrefois aller chercher dans les livres du fond de la bibliothèque. Pour autant, la multitude d’information disponible en ligne et la difficulté à la rechercher, la trier et la vérifier, engendre de nombreuses disparités entre les étudiants. Comment sélectionner les ressources pertinentes ? Comment accéder à ces ressources sans matériel et connexion ? Comment repérer les fausses informations ? Ces compétences sont d’autant plus nécessaires avec ce mode distanciel, qui peut nécessiter plus de travail personnel, et également plus de réflexion par rapport aux risques accrus de tricherie.

Une étudiante en première année nous a fait part de sa difficulté à mettre en pratique ce travail d’approfondissement en distanciel : “Ils [les enseignants] nous ont mis des références de livre à disposition en ligne par la BU, avec les pages en photos. Mais c’est tout nouveau, ça date juste de ce semestre, avant je n’avais jamais fait ça. Je m’en sors mais il ne faut pas que j’aie à le faire dans toutes les matières parce que ça ferait trop : retourner dans les pages, aller voir dans les autres livres, comparer les infos c’est un peu long."

Elle complète son propos en développant sa méthode de travail grâce à la plateforme pédagogique : "Après le cours, je reprends leur diapo, et pendant mon temps libre je réécris mon cours. Donc c’est mieux d’avoir les choses à disposition, pour pouvoir reprendre les choses en ayant les éléments dont on a besoin, faire ou copier des schémas, reprendre ce qui a été mal compris… Globalement j’aime bien le fonctionnement de la fac, certains enregistrent leurs cours et d’autres font des diapos. Donc il faut s’adapter à chaque fois, mais quand on a compris comment ça fonctionne ça va mieux.”.

L’UFR de Langues Étrangères (LE) recommande plusieurs formations pour apprendre à maîtriser ces compétences au long de l’année.

Conclusion

La diffusion de l’information s’est révélé être un levier d’apprentissage dans cette continuité pédagogique seulement lorsque les étudiants s’approprient les outils proposés. Une fois pris en main, ces outils peuvent être intégré à part entière dans leurs méthodologies de travail.