Le 8 octobre 2025, la Fondation L’Oréal, en partenariat avec l’Académie des sciences et la Commission nationale française pour l’UNESCO, a dévoilé, pour la 19ème année consécutive, le palmarès du Prix Jeunes Talents France 2025 L’Oréal-UNESCO Pour les Femmes et la Science. Parmi les 34 doctorantes et post-doctorantes mises à l'honneur, deux doctorantes UGA se distinguent dans les catégories "Développer des thérapies d'avenir" et "IA et Modélisation : anticiper et façonner l'avenir".
Issues de toutes les régions de France métropolitaine et d'outre-mer et travaillant dans des disciplines variées, les 34 jeunes scientifiques récompensées lors de cette 19ème édition ont été sélectionnées parmi près de 700 candidates par un jury de plus de 30 membres de l’Académie des sciences, représentant l’excellence en matière d’évaluation scientifique par des pairs. Biologie, physique, chimie, mathématiques, informatique, ingénierie, sciences de la Terre et de l'Univers : dans un ou plusieurs de ces domaines, les lauréates ont su démontrer une expertise remarquable, au sein de différents organismes de recherche. Elles sont l'incarnation de l'excellence scientifique française et dédient leurs recherches à la construction d'un avenir plus juste et durable.
Par exemple, Nazareth Milagros Carigga Gutierrez cible le cancer du pancréas grâce à des nanoparticules innovantes et Bianca Marin Moreno guide la transition énergétique avec l'intelligence artificielle. Toutes deux sont doctorantes UGA, à l'
Institut pour l'avancée de biosciences (IAB - CNRS/Inserm/UGA) pour la première et au
Laboratoire Jean Kuntzmann (LJK - CNRS/Inria/UGA – Grenoble INP-UGA) pour la seconde.
Cibler le cancer du pancréas grâce à des nanoparticules innovantes

Originaire du Pérou,
Nazareth Milagros Carigga Gutierrez a toujours été animée par le désir de résoudre des problèmes médicaux. Après un parcours académique exigeant et un échange décisif en France, elle a choisi d'y poursuivre ses recherches. Aujourd'hui doctorante au sein de l'
École doctorale Chimie et sciences du vivant de l'UGA, elle met son énergie au service de la lutte contre le cancer du pancréas. Son engagement pour la science est profond, porté par l'envie d'innover.
Quels sont les enjeux et les applications de vos recherches ?
Ma recherche vise à améliorer les traitements du cancer du pancréas en délivrant les médicaments plus précisément, attaquant les cellules tumorales tout en épargnant les cellules saines. Ces travaux sont cruciaux, car le cancer du pancréas reste l'un des plus difficiles à traiter, avec un besoin urgent de thérapies plus efficaces. Cette approche utilise des nanoparticules, de minuscules particules, activées par la lumière ou les rayons X, ce qui la rend potentiellement applicable à divers cancers. À long terme, je souhaite faire le lien entre la recherche et le terrain clinique pour rendre les nouvelles thérapies plus accessibles et compréhensibles pour les patients.
Pourquoi avez-vous choisi une carrière scientifique ?
Ma mère et ma sœur m'ont transmis le goût d'apprendre et la curiosité, m'encourageant à dépasser mes limites, ce qui a nourri mon intérêt pour la science. J'ai d'abord voulu comprendre le corps humain, puis le génie biotechnologique m'a séduite, explorant biologie et chimie en lien avec des applications médicales. Le déclic fut un exposé sur le génie génétique au collège, me fascinant et me guidant vers cette voie scientifique.
Avez-vous rencontré des difficultés en tant que femme dans votre parcours ?
Comme beaucoup de femmes, j'ai souvent douté de moi, craignant de ne pas être assez intelligente. Ces doutes m'ont parfois empêchée de m'affirmer ou de prendre la parole. J'ai aussi ressenti une pression liée au jugement, freinant ma prise de responsabilités. Néanmoins, cette expérience m'a appris à être forte face aux défis et à reconnaître la valeur essentielle des femmes dans la science. Notre contribution est précieuse.
Guider la transition énergétique avec l’intelligence artificielle

Originaire du Brésil,
Bianca Marin Moreno a très tôt été nourrie par la curiosité de résoudre les problèmes qui l’entouraient, de répondre aux questions du monde pour mieux le comprendre. Ces questionnements l’ont naturellement conduite vers des études scientifiques. Après une licence en physique mathématique au Brésil, elle intègre l’École polytechnique en France. Fascinée par la puissance des mathématiques appliquées et de l’intelligence artificielle, elle se spécialise dans ce domaine. Aujourd’hui en thèse au sein de l'
École doctorale Mathématiques, Sciences et technologies de l'information, Informatique de l'Université Grenoble Alpes, ses recherches sont au cœur de la transition énergétique, un enjeu majeur pour notre avenir.
Quels sont les enjeux de vos recherches et leurs applications ?
L’énergie étant difficile à stocker, maintenir l’équilibre production-consommation est crucial, notamment avec les énergies renouvelables intermittentes. Mes recherches développent des algorithmes d’apprentissage séquentiel, des outils qui exploitent la flexibilité de la demande électrique. L’objectif est de créer des outils adaptatifs pour piloter cette flexibilité en temps réel, contribuant à un système électrique intelligent et bas carbone. En pratique, cela permet d’optimiser des usages comme le chauffage de l’eau ou la recharge de véhicules électriques pour ajuster leur consommation, équilibrant l’offre et la demande sans combustibles fossiles.
Pourquoi avez-vous choisi une carrière scientifique ?
Mon choix initial pour une carrière scientifique fut inattendu. J’aimais résoudre des défis intellectuels et étais fascinée par la façon dont les mathématiques expliquaient le monde. Au fil de mon parcours, j’ai été attirée par l’envie d’explorer l’inconnu et de collaborer avec d’autres. Une discussion avec un ami et la découverte de l’aspect créatif des sciences m’ont convaincue. J’ai réalisé que les mathématiques et la physique permettent d’innover et sont essentielles aux avancées technologiques, élargissant constamment les perspectives.
Dans votre parcours, avez-vous rencontré des difficultés en tant que femme ?
Bien que n’ayant pas rencontré de difficultés directes, la sous-représentation féminine en mathématiques peut inconsciemment rendre plus difficile le fait qu’une femme se projette dans une carrière ou qu’elle s’y sente légitime. Dans des environnements majoritairement masculins, j’ai parfois ressenti une difficulté à être prise au sérieux et j’ai senti qu’on me reprochait de me sentir confiante, alors qu’un homme aurait été valorisé pour cette qualité. Pourtant, ma compétence scientifique découle de mes recherches, non de mon apparence. De plus en plus de femmes s’engagent dans des carrières scientifiques, ce qui ouvre la voie à une science plus inclusive et représentative de la société.
« Cette année encore, l’Académie des sciences met à profit l’expertise de ses illustres membres pour identifier les étoiles montantes de la science. Les femmes représentent la moitié de l’humanité, mais demeurent trop peu nombreuses aux postes de responsabilité dans la recherche. Syndrome de l’imposteur, culture de la compétition, inégalités domestiques et bien d’autres freins écartent injustement des talents dont la science aurait besoin. Les Prix Jeunes Talents France L'Oréal-UNESCO Pour Les Femmes et la Science, en partenariat avec l’Académie des sciences, sont autant de leviers pour rééquilibrer les chances et permettre à la culture scientifique de s’enrichir de tout le potentiel de cette moitié de l’humanité. » déclare
Pr. Françoise Combes, Présidente de l’Académie des sciences et présidente du Jury 2025, elle-même récompensée du prix international 2021 L’Oréal-UNESCO Pour les Femmes et la Science.
Une communauté de 4 700 femmes scientifiques au monde
La remise du Prix a eu lieu le 8 octobre à Paris dans les murs où siège l’Académie des sciences. Grâce à ce prix, les 34 Jeunes Talents rejoignent l’une des plus grandes communautés de femmes scientifiques dans le monde avec de plus de 4 700 chercheuses originaires de plus de 140 pays. Un réseau précieux pour favoriser la collaboration scientifique, s’inspirer et se soutenir face aux obstacles. En leur accordant une dotation et en les accompagnant à travers un programme de formation au leadership, la Fondation L’Oréal et ses partenaires réaffirment leur engagement indéfectible envers l'avenir de la science et la place des femmes au sein de ces disciplines.
Ce Prix fait partie du programme L’Oréal-UNESCO « Pour les Femmes et la Science » créé en 1998 et construit sur une approche intergénérationnelle pour contribuer à combler l’écart entre les genres dans le domaine scientifique avec :
- Le Prix international, qui met en valeur la carrière et les recherches exceptionnelles de femmes scientifiques, inspirant la prochaine génération.
- Les programmes nationaux et régionaux « Jeunes Talents », déployés dans 140 pays, qui soutiennent et encouragent les jeunes chercheuses au niveau local.
- Le programme « Pour les Filles et la Science », qui incite les filles à se tourner vers les carrières scientifiques.
Parce que le monde a besoin de science et la science a besoin des femmes.