Pionnier et explorateur, cet éminent glaciologue grenoblois, fondateur du Laboratoire de glaciologie et géophysique de l’environnement de Grenoble actuel Institut des géosciences et de l’environnement, a été le premier à avoir l'idée de reconstituer l'histoire du climat en analysant les bulles d'air piégées dans la glace. Disparu à l’âge de 91 ans, il laisse la planète orpheline au lendemain de la publication de la synthèse du 6e rapport du GIEC.
Claude Lorius, directeur de recherche émérite au CNRS a été l'un des pionniers de la recherche sur les glaces polaires, menant des expéditions en Antarctique pendant quatre décennies. Sa première expédition en 1957, à 23 ans, dans la station Charcot pendant l’Année géophysique internationale, restera à jamais gravée dans sa mémoire. Il y restera un an, et il n’aura de cesse de revenir sur ce continent de glace tant prisé des explorateurs et des scientifiques.
Ses recherches scientifiques débuteront réellement lors de ses travaux de thèse soutenus en 1963 à Saclay, et il sera l’un des premiers à proposer une méthode, à partir des isotopes de l’eau (la neige) pour reconstituer la température de la neige au moment de sa chute. Un outil inédit qui permettra plus tard d'établir des liens avec le climat de la Terre. Un second hivernage, cette fois-ci à Dumont d’Urville en 1965, lui permettra de comprendre que la glace extraite de l’Antarctique contenait des bulles d’air emprisonnant une information sur la composition de l’atmosphère passée.
"Paroles de chercheurs : Claude Lorius et la paléoclimatologie". En 2015, Claude Lorius revenait pour l’UGA sur les grandes étapes de sa carrière, ses découvertes, la paléoclimatologie et les solutions pour tenter de sauver la planète.
Il est ainsi le premier à avoir eu l’idée, dès les années 60, d’analyser les inclusions gazeuses contenues dans les carottes glaciaires polaires pour retracer l’atmosphère passée. Vingt ans plus tard, il établira avec son équipe du Laboratoire de glaciologie et géophysique de l’environnement à Grenoble, le lien entre teneur en gaz à effet de serre et évolution climatique. Cette découverte, réalisée à partir d’échantillons prélevés sur la base de Vostok (Antarctique) révélant 150 000 années, puis 420 000 ans de climat, fera la couverture du magazine Nature (1987) et donnera naissance l’année suivante au Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC).
Passionné, aventurier, il sillonnera l’Antarctique, nouera des collaborations décisives avec les Russes notamment à Vostok, et sera l’initiateur des premiers grands forages à Dome C. Son parcours, comme chercheur au CNRS le mènera en 1970 avec son équipe de Saclay à Grenoble où il rejoindra sur le campus universitaire le Laboratoire de glaciologie alpine créé par Louis Lliboutry. Il enseignera à l’Université de Grenoble la géophysique option glaciologie et effectuera ses recherches au sein du Laboratoire de glaciologie et géophysique de l’environnement, actuel Institut des géosciences de l’environnement (IGE - CNRS / UGA / Grenoble INP - UGA / Inrae / IRD) qu’il dirigera de 1983 à 1988.
Président des Expéditions polaires françaises, du Comité national français des recherches Antarctiques et de l'Institut français pour la recherche et la technologie polaires, qu'il a fondé en 1992, il a reçu de nombreux prix, dont notamment la Médaille d'or du CNRS, obtenue avec son collègue et ami Jean Jouzel en 2002, le Blue Planet Prize et le Bower Science Award. En 2015, le documentaire "La Glace et le Ciel" retrace pour le grand public la vie de ce grand scientifique engagé.
Avec la disparition de Claude Lorius en 2023, la planète a perdu l’un de ses plus grands découvreurs et défenseurs, un homme qui a consacré sa vie à la compréhension du climat. Souhaitons que son héritage demeurera à travers les générations futures et ses héritiers scientifiques à Grenoble et dans le monde pour préserver et comprendre la mémoire du climat contenu dans les glaces.
Claude Lorius était ainsi le parrain du projet de sanctuaire de carottes des glaces porté aujourd’hui par la Fondation Ice Memory dont l’UGA est partenaire fondateur. Claude Lorius était enfin un grand humaniste qui souhaitait pour la préservation de la planète "que les hommes parviennent à construire un monde plus juste".
Publié le 24 mars 2023
Mis à jour le 27 avril 2023
Quelques dates clefs de la carrière de Claude Lorius
Février 1932 : naissance à Besançon
1957 : premier Hivernage à Charcot en Antarctique
1963 : thèse sur le deutérium (CEA Saclay)
1970 : rejoint le laboratoire de Claude Lliboutry accompagné de son équipe venant de Saclay. Enseignement du C4 de géophysique option glaciologie crée par Lliboutry. Formation en thèse.
1985-1988 : directeur du LGGE
1987 : publication des trois papiers Nature : 150 000 ans d’archives et relation climat-CO2
1990 : papier Science : sensibilité du climat au CO2 : "core celebres"
1992 : président de l’IPEV avec Roger Gendrin et directeur jusqu’en 2002
1994 : est élu membre titulaire à l'Académie des sciences
2002 : médaille d’or du CNRS avec Jean Jouzel
Mais aussi : prix Balzan avec Oeschger et Dansgaard, prix Blue planet…
2015 : décoré de la Légion d’honneur par François Hollande
Hommage
[HOMMAGE] Les travaux de Claude Lorius, dont on apprend la disparition, lui ont valu de nombreux prix, comme la Médaille d’or 2002 du @CNRS, au côté de @JouzelJean.
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