HERBS : vers une transformation pédagogique des enseignements d’anglais

Un enseignement hybride, alliant le présentiel et les cours en ligne, pour une meilleure prise en compte des besoins individuels des étudiants
Le département d’anglais de l’UFR de pharmacie a entrepris une transformation pédagogique des enseignements d’anglais dispensés en licence "Biotechnologie santé" et en master "Ingénierie de la santé". Les ressources hybrides développées dansce cadre visent à cibler précisément les besoins spécifiques des étudiants de ces domaines spécialisés.

Le projet Hybrid english roads for biotechnology students (HERBS) a été retenu dans le cadre de l’appel à projets "Transformation pédagogiques et plateformes learning-by-doing" de l’Idex Université Grenoble Alpes.

L’origine du projet HERBS

Camille Biros, responsable du département d’anglais des facultés de médecine et pharmacie à Grenoble explique que l’origine de ce projet vient d’une expérience de classe inversée en L1 "Biotechnologie santé". Ce type de dispositif pédagogique s’est fortement développé dans l’UFR de pharmacie depuis que le personnel enseignant est encouragé à le mettre en place. À l’origine, les ressources en ligne en L1 utilisées étaient relativement basiques : simples Powerpoints, liens vers des vidéos, questionnaires de type QROC. Suite à cette expérience, la majorité des étudiants a exprimé sa satisfaction à travailler en classe inversée. Certains étudiants ont notamment mentionné avoir bénéficié de plus de temps pour travailler à leur rythme sur les ressources en ligne.

Camille Biros et Laurence Matthys ont décidé de répondre en 2018 à l’appel à projets "Transformations pédagogiques et plateformes Learning by Doing" du volet "Formation" de l'Idex, avec l’idée de transformer tous ces enseignements sur ce modèle déjà testé, en proposant des ressources en ligne plus élaborées. Le projet a reçu le financement de l’Idex sur une période allant de janvier 2019 à juillet 2020. Avec une équipe enseignante de 4 personnes, il s’agit d’élargir cette méthode de la L1 jusqu’au Master 2. Spécifiquement cela concerne la licence "Biotechnologie santé" et le master "Ingénierie de la santé".

Ce projet vise à améliorer le niveau d’anglais des étudiants concernés. Il s’agit de répondre à deux objectifs principaux :

  • Pallier à l’hétérogénéité de niveaux à laquelle les enseignants sont confrontés dans leurs enseignements ; 

  • Revaloriser le présentiel afin de le consacrer essentiellement à l’interaction orale.

Les séquences d’enseignement sont organisées autour d’un sujet en lien avec les biotechnologies ou l’industrie pharmaceutique, et un point de langue associé à ce sujet.

L’essentiel du financement reçu était destiné au développement des ressources en ligne. Un ingénieur pédagogique a été recruté pour accompagner la phase de conception des ressources. L’ingénieure pédagogique a aussi formé les enseignants à l’utilisation des nouveaux outils et de la plateforme SIDES. Toutes les ressources sont à présent disponibles sur la plateforme SIDES en vue de leur utilisation à la rentrée 2020. La moitié des ressources ont déjà été utilisées dès la rentrée 2019. La mise en ligne de nombreux contenus d’enseignement et la formation des enseignants impliqués dans le projet a permis à l’équipe de continuer à dispenser un enseignement de qualité pendant la crise sanitaire.  

La classe inversée et l'hybridation : un nouveau rôle pour l’étudiant et pour l’enseignant

La communauté de pratique "Classe inversée et hybridation" au sein de l’Université Grenoble Alpes (UGA) existe depuis 2014. Elle se réunit deux fois par an, lors de rencontres animées par une équipe enseignante et d’appui à la pédagogie de l'UGA. Laurence Matthys et Camille Biros ont participé aux ateliers d’échanges de pratiques sur la classe inversée. Elles se sont inspirées des pratiques évoquées pour la mise en place du programme HERBS. L'idée de la mise en place de la classe inversée correspond aussi à la politique d'enseignement mise en place à l'UFR de pharmacie où ces pratiques sont très fortement encouragées.

Des séquences organisées pour réduire l’hétérogénéité des niveaux de langue entre les étudiants

HERBS est un exemple de classe inversée qui a su satisfaire les étudiants et les enseignants. Le but du projet est d’enrichir les connaissances des étudiants en langue anglaise spécialisée en leur donnant accès à de nombreuses ressources en ligne sur lesquelles ils peuvent travailler à leur rythme. Par ailleurs, il s’agit de les rendre plus actifs pendant les TD puisqu’une phase d’acquisition de nouveau vocabulaire et un point en langue ont lieu en amont. 

À chaque séquence, les étudiants commencent par regarder des vidéos sur un sujet scientifique, lire et écouter un Powerpoint interactif sonorisé explicitant une règle de langue, et découvrir du vocabulaire spécialisé lors de vidéos et dialogues interactifs.

Dans un deuxième temps, ils répondent à des questionnaires à réponses courtes sur les contenus visionnés afin de tester l’acquisition de connaissance.

Dans un troisième temps, celui des travaux dirigés en présentiel, ils sont invités à présenter les contenus appris en ligne en direct avec les enseignants et autres étudiants en classe. Comme la compréhension orale et l’acquisition des contenus se fait à distance, cela laisse à l’étudiant plus d’espace d’intervention orale pendant le TD. Comme exemple, ils doivent réutiliser ce qu’ils ont appris lors de courtes présentations, jeux de rôles, jeux de vocabulaire type Taboo. Ces activités visent à mettre les étudiants dans des situations où ils utilisent la langue orale de façon spontanée.

L’hétérogénéité des niveaux de langue a toujours été une limite à laquelle se confrontaient les enseignantes. Il y a des étudiants qui ont un niveau faible, qui n’osent pas parler pendant le cours. Le fait qu’ils puissent travailler chez eux, leur permet de mieux se préparer s’ils le souhaitent et cela allège les différences de niveau.

Le suivi proposé par les enseignantes est plus personnalisé

Les enseignantes commencent leur cours en reprenant le travail qui a été fait en ligne, en regardant les résultats, les difficultés. Le travail qui se fait dans le cours s’adapte aux besoins des étudiants selon ces résultats. Elles peuvent réagir en fonction des interventions des étudiants. Cela les oblige à reconcevoir le rôle de l’enseignant. Le professeur en présentiel apporte moins de connaissances théoriques que dans un cours habituel de langue parce que ce travail de conceptualisation a été fait à distance.

Le fait que les étudiants soient plus actifs pendant les TD grâce à cette pédagogie innovante est aussi une source de motivation pour les enseignantes.

Le travail en amont pour l’enseignant est assez conséquent afin de construire un parcours en ligne cohérent. Des réunions interdisciplinaires et des échanges réguliers ont été organisés avec les collègues du secteur biotechnologie et pharmacie pour élaborer des contenus répondant au mieux aux besoins des étudiants.

Les ressources du projet HERBS sont proposées à l’ensemble des composantes de l’UGA

Les porteuses de ce projet confirment que les ressources et les pratiques pédagogiques créées dans le cadre de ce projet sont pérennes.

La méthodologie et certains contenus de ce projet pourraient être reproduits afin de développer des enseignements hybrides d’anglais de spécialité dans d’autres composantes scientifiques.

Camille Biros et Laurence Matthys sont déjà en lien avec les acteurs du projet Boost’English et le service des langues de l’UGA pour réfléchir aux meilleurs moyens de partager les ressources produites.

Mis à jour le  14 avril 2021