Zoom sur le projet 3EC-Sahel : "Eau, Environnement et Enjeux climatiques au Sahel"

Formation, Innovation pédagogique, International
le  18 février 2022
Karine Samuel, vice-présidente
Karine Samuel, vice-présidente "Rayonnement et relations internationales"
Lancé officiellement fin novembre 2021, le projet 3EC-Sahel : "Eau, Environnement et Enjeux climatiques au Sahel" porté par l'Université Grenoble Alpes (UGA), l'Université Abdou Moumouni (UAM) de Niamey au Niger et l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD), lauréat du programme "Partenariats avec l'Enseignement Supérieur Africain" (PEA) est financé à hauteur de 2,78M € sur quatre ans. Rencontre avec Karine Samuel, vice-présidente "Rayonnement et relations internationales" de l’UGA pour en savoir plus sur les enjeux de ce projet de formation qui vise à développer une nouvelle filière Licence-Master-Doctorat dans le domaine de l’eau, de l’environnement et des enjeux climatiques, pour répondre aux besoins prioritaires en compétences pour le développement durable du Niger et de la zone sahélienne.

En quoi ce projet de formation est-il innovant ? Quels en sont les objectifs à long terme ?

Le projet 3-EC Sahel a pour ambition le montage d’une filière « Eau » portée par l’Université Abdou Moumouni de Niamey, dont les enseignements iront de la Licence Professionnelle (L3Pro) au Master et au Doctorat, et seront construits pour répondre à plusieurs enjeux majeurs pour le Niger, qui demeure l’un des pays les plus défavorisés du monde.

Le projet s’inscrit directement dans l’objectif de développement durable (ODD) n°6 « Eau propre et assainissement » qui compte parmi les 17 objectifs portés par les Nations Unies, et identifié comme le plus transversal et le plus influent pour l’atteinte de ces ODD. Le projet est innovant dans la mesure où il adresse l’un des plus grands problèmes de l’Afrique qui porte sur la question de l’accessibilité à l’eau, ainsi que toutes les questions relatives à la gestion de cette ressource : irrigation des terres, gestion et assainissement des eaux en milieux urbains et ruraux, évaluation des risques, prévention et systèmes d’alerte.

À long terme, les objectifs sont de permettre au Niger de combler son retard en formant des techniciens et des ingénieurs qui pourront contribuer à créer des bureaux d’études dans le domaine de l’hydrologie, de la gestion des espaces naturels et cultivés et de l’environnement, et qui seront capables de se positionner sur les nombreux appels à projets nationaux et internationaux qui portent sur ces questions.

La création de cette filière au sein de l’Université Abdou Moumouni de Niamey, en partenariat avec l’IRD présent sur place, permettra de renforcer les enseignements pratiques, techniques et théoriques, en décloisonnant les formations déjà existantes. Elle proposera également des modules de formation en ligne conçus avec les enseignants-chercheurs de l’Université Grenoble Alpes.

Qu’apporte l’UGA dans le cadre de la mise en œuvre de ce projet ?

Nous apportons toute notre expertise dans les domaines de l’eau grâce aux chercheurs et enseignants-chercheurs impliqués dans le projet. Plusieurs collègues développent déjà des collaborations avec le Niger depuis une quinzaine d’années, notamment en médecine, en géographie et en hydrologie, et nous avons aussi l’expérience de projets de création de formation, dont le projet VEMAZOC en partenariat avec l’IRD pour la création d’un master commun à trois universités nigériennes en sciences de l’eau et du climat. L’UGA et l’UAM sont liées par un accord-cadre de coopération créé en 2003, renouvelé en 2013 et élargi depuis début 2018.

Par ailleurs, les équipes enseignantes sont soutenues par les équipes administratives de la DGD "Développement international et territorial" fortement impliquées dans le projet et qui apportent leur expérience des projets internationaux menés dans des contextes de tension sécuritaire et accompagnent déjà l’adaptation de formations en Sciences de l’Eau avec d’autres universités africaines.

Le lancement officiel du projet a eu lieu fin 2021. Pouvez-vous nous donner les grandes échéances à venir ?

Très classiquement, le projet est structuré en work packages qui ont tous déjà démarré, à l’exception du work package 2 qui cible les formations de licence pro et prévoit de créer et d’ouvrir deux L3 Pro à la rentrée 2024-2025, accessibles principalement aux étudiants ayant suivi les deux premières années de la Licence Géosciences de l'UAM.

Le work package 3 s'appuie sur les Masters existants en "Hydrogéologie : Prospection et Gestion des Ressources en Eau Souterraine" dispensé à l’UAM au sein de la Faculté des Sciences, et en "Géographie : Territoires et Sociétés Sahélo- Sahariens : Aménagement-Développement" dispensé au sein de la Faculté de Lettres et Sciences Humaines. Dès cette année, des modules "Passeport" seront créés et dispensés en en ligne et/ou en présentiel pour permettre à des étudiants issus d'autres Licences d’accéder à ces Masters.

Le work package 4 porte sur les formations de niveau doctoral et sur l’accompagnement et la formation des enseignants-chercheurs. Des modules de formation doctorale seront accessibles pour les doctorants dès la rentrée 2022-2023.

L'accès en Formation Continue sera facilité par une construction modulaire grâce à laquelle les salariés pourront choisir de suivre uniquement les enseignements correspondants aux manques qu'ils viendront combler.

Enfin, les écoles de terrain sont un élément clé de la nouvelle filière intégreront l'ensemble des étapes constituant l'apprentissage des étudiants : préparation du matériel et cartographie du site ; actions sur le terrain ; calculs et analyse des résultats ; présentation des résultats devant un jury. La première est prévue sur la période décembre 2022-février 2023.

La gestion et la coordination du projet 3-EC Sahel repose sur un principe d’équilibre et de co-responsabilité entre l’UAM et l’UGA. Il est prévu une harmonisation des pratiques entre nos établissements pour la gestion du projet afin d’en faire un exemple de bonnes pratiques et d’inciter de futures coopérations.
Une organisation adaptée au pilotage transversal entre les différents groupes de travail et les organes décisionnaires permet d’articuler l’ensemble et fonctionnera dans une démarche cyclique d’amélioration continue et de résolution de problème. Les chercheurs de l’IRD sont bien sûr étroitement associés au pilotage du projet.

Nous avons obtenu un budget de 2,8 millions d’euros pour ce projet qui permettront de financer des équipements, des heures d’ingénierie pédagogique et des missions, ainsi que de recruter deux gestionnaires financiers. La répartition du budget est de 30% pour l’UGA et 70% pour l’UAM. L’IRD bénéficiera également de financements pour rémunérer le temps de travail du personnel scientifique engagé sur le projet et mettra également certaines ressources à disposition du projet, notamment des locaux.
Publié le  28 janvier 2022
Mis à jour le  1 mars 2022