La sensibilité dentaire, une affaire de réseau ?

Recherche
le  18 juillet 2025
La sensibilité dentaire présente la particularité d’être médiée par des cellules, les odontoblastes, situées dans la pulpe dentaire au cœur de la dent. Selon la théorie hydrodynamique, l’activation des processus odontoblastiques est liée au déplacement des fluides dans la porosité dentinaire induit par des stimuli extérieurs. Une nouvelle étude, menée au Laboratoire interdisciplinaire de Physique (LIPhy - CNRS/UGA), montre que cette porosité présente toutes les caractéristiques d’un réseau complexe. Loin de fonctionner comme des capteurs indépendants, les odontoblastes pourraient donc, théoriquement, adopter des comportements collectifs très différents de la simple somme des réponses individuelles.
La porosité dentaire microscopique est connue depuis la fin du XVIIe siècle et formellement décrite entre 1850 et les années 1920-30 avec la mise en place des premiers microscopes modernes. Cette porosité microscopique organisée sous forme de longs tubes a très rapidement été identifiée comme une signature de la morphogénèse de la dentine. L’hypothèse d’un lien mecanosensoriel entre cette porosité tubulaire et les processus odontoblastiques qui s’y trouvent a aussi été formulé à cette période. Cependant, l’observation initiale de porosité sub-microscopique branchant les tubules principaux n’a suscité que peu d’intérêt jusqu’à aujourd’hui. Ces branches secondaires pourraient cependant permettre soit une communication directe, intercellulaire, entre proches voisins, soit une communication extracellulaire ou des sollicitations communes par diffusion ou mouvement de fluides.

La visualisation 3D par microscopie confocale de fluorescence a permis de modéliser la porosité dentinaire sous forme d’un graphe spatial à l’échelle cellulaire. Ce type de représentation a permis de caractériser la connectivité avec précision, démontrant que la porosité dentinaire présente des caractéristiques de réseaux complexes. Ceci a notamment permis d’estimer la résilience du réseau à de potentielles défaillances physiologiques et ouvre la voie à une meilleure compréhension des mécanimes de sensibilité dentaire ainsi que de malformations pathologiques, notamment pour des maladies rares.

Le succès de cette collaboration nationale impulsée par le LIPhy réside notamment dans la forte interdisciplinarité du consortium réunissant des experts en traitement d’images (LARIS), mathématiques appliquées (GIPSA-lab), biomécaniciens spécialistes des tissus dentaires (CentraleSupélec) et de Cliniciens en odontologie (APHP et Hôpitaux Henri Mondor).
Publié le  25 juillet 2025
Mis à jour le  25 juillet 2025