« Ce pavillon réalisé pour la Fédération française de canoë-kayak (FFCK) a été fabriqué par les étudiants du Master Architecture, ambiance et culture numérique avec l’intention de retranscrire une expérience sensorielle et immersive inspirée par le canoë-kayak. » commente Philippe Liveneau, enseignant-chercheur ENSAG-UGA et responsable de ce Master.

Une architecture non standard

Immersion bleutée s’inscrit dans la lignée des architectures non standard du XXI^e siècle, exploitant les outils numériques de conception et de fabrication pour offrir une expérience sensorielle en passant ici de la masse physique d’une façade épaisse à la masse optique d’une enveloppe lumineuse. Ce pavillon marque une évolution par rapport aux conceptions déconstructivistes des folies du parc de la Villette, renouant avec les idées de Bernard Tschumi, parrain des Archi-Folies 2024, sur l’interaction entre espace et événement.

Une architecture lumineuse et aquatique

Le pavillon Immersion bleutée se distingue par son esthétique épurée et son interaction avec la lumière afin d’immerger les visiteurs dans une ambiance aquatique grâce à des jeux de lumière et à des formes sinueuses, rappelant les ondulations à la surface de l'eau. Le pavillon, avec son ossature en bois d’épicéa et ses panneaux ajourés en tôles d’aluminium prélaqué, crée des jeux de lumière rappelant les caustiques, ces motifs lumineux présents à la surface de l’eau. La structure est également enrichie par des éléments en béton blanc fibré à ultra-hautes performances (BFUP), moulés en formes sinueuses, renforçant l’impression d’ondulations aquatiques.

Les façades sont constituées d’un complexe de 4 couches de tôles d’aluminium prélaqué de 1,5 mm d’épaisseur, de couleur blanche (Ral 9020) ultra mat (coefficient 3) avec au revers une teinte bleutée. Ces tôles sont orientées deux à deux pour contenir les valeurs chromatiques bleutées dans l’épaisseur lumineuse de la façade. Enfin le chemin périphérique extérieur ainsi que le noyau central sont réalisés au moyen d’un béton fibré à ultra haute performance blanc utilisé pour ces qualités esthétiques, mais aussi pour son poids qui permet le lestage du pavillon.

La façade, ponctuée de hublots, offre des cadrages visuels uniques, permettant aux visiteurs de contempler l’intérieur et l’extérieur du pavillon. Cette conception vise à créer une architecture qui privilégie la profondeur et la luminosité, plutôt que la masse physique.
Un espace d’exposition et d’apprentissage

Le pavillon est composé sur une base carrée pour former un enserrement spatial entre un plan de sol et un plan de couvrement de 11 mètres de côté. Il mobilise ainsi une surface au sol de 121 mètres carrés organisée en trois espaces majeurs autour du noyau central. Un espace muséographique, un espace dédié à la compétition et un espace environnement. Ces zones permettent à la FFCK de présenter l’histoire des sports de pagaie, d’aborder les problématiques environnementales liées à cette pratique, et de proposer un espace dédié à la découverte du canoë-kayak.

Le parcours à l’intérieur du pavillon est conçu pour être fluide et continu, offrant aux visiteurs une déambulation sans heurts dans un environnement baigné de lumière naturelle filtrée. Près de 4700 perforations structurent les parois, générant des projections lumineuses et des effets de rétroéclairage bleuté, créant une atmosphère vibrante et dynamique.

Le chantier-école : une collaboration enrichissante et innovante

La réalisation de ce pavillon est le fruit d’une collaboration intense entre les étudiants, leurs enseignants et les partenaires du projet. Ce projet a permis de développer des démarches de recherche par le design, de l’optimisation algorithmique à la maîtrise des ambiances et à la fabrication des composants. Après la phase de prototypage au sein de l’école, la construction des éléments constitutifs du pavillon s’est déroulée aux Grands Ateliers, situés près de Lyon. Ce site dont l’ENSAG – UGA est l’un des membres fondateurs est dédié à l’expérimentation constructive.

Dans le cadre de la formation des architectes de demain, cet exercice national de conception et de construction, incarné par Archi-Folies, renforce le développement d’une pédagogie axée sur la pratique au sein de chaque école. Le format du chantier-école participe à la propagation d’une nouvelle culture de la construction, en rassemblant pour la première fois sur un même site toutes les écoles de France, au service d’un même idéal : parvenir à exprimer, par le langage architectural, les valeurs universelles du sport.

« Participer à l’Olympiade Culturelle est pour nous une opportunité extraordinaire… Ce projet nous permet de concrétiser une architecture qui s’appuie à la fois sur un échange avec les usagers du bâtiment, la fédération française de canoé Kayak, des partenaires industriels : filière du métal prélaqué, du béton, de l’acier, tout en inscrivant le pavillon dans le double cadre de l’histoire de l’architecture, celle du parc de Bernard Tschumi et celle des Jeux Olympiques à Paris en 2024. Au-delà de ce cadre exceptionnel, ce projet est un moyen de développer des démarches de recherche et d’expérimentation, avec un usage maîtrisé et frugal des ressources. » témoignent les étudiants impliqués dans ce projet.