Data cityscape : Campus Highlight
Une démarche artistique lumineuse écoresponsable et informative sur la Place centrale !

Culture, Patrimoine, Culture scientifique et technique
le  13 octobre 2022
Illumination de l'oeuvre <em>Data cityscape : Campus Highlight</em> de l'artiste Joan Giner sur la Place centrale © <em>Crossed Lab</em>
Illumination de l'oeuvre Data cityscape : Campus Highlight de l'artiste Joan Giner sur la Place centrale © Crossed Lab
Redécouvrez la Place centrale, l’un des chefs d’œuvre architectural du campus de Saint-Martin-d'Hères. Depuis octobre 2022 (et jusqu'au 5 avril 2023) la place s’habille de LED dans le cadre de la Biennale Arts Sciences EXPERIMENTA. Cette installation lumineuse monumentale a été conçue par Joan Giner, artiste visuel et multimédia, en partenariat avec le bureau de production Crossed Lab.

Une œuvre d’art « branchée mais pas trop » au service de la sobriété énergétique

La modification des systèmes d’éclairage urbains est une nécessité pour la plupart des grandes villes. Il s’agit d’une part d’opter pour une technologie moins énergivore (les LED) et d’autre part de réduire la quantité globale d’éclairage et de pollution lumineuse.

L’œuvre d’art Data cityscape : Campus Highlight répond à cet enjeu en proposant un éclairage public esthétique, éco-responsable et informatif. Les LED utilisées sont contrôlées en temps réel par deux données : le trafic internet et la consommation électrique de l'UGA.

L’installation des LED est compensée par l’extinction d’une partie des éclairages traditionnels qui entourent la Place centrale afin que l’empreinte énergétique de l’œuvre reste neutre par rapport à une utilisation habituelle. L'extinction de l'installation artistique se fera tous les jours à minuit, au même moment que l'extinction habituelle de l'éclairage public sur le campus.

Comment est né ce projet artistique mêlant art, science et développement durable qui met en lumière un patrimoine architectural original de l’UGA ?

Ce projet est né d'une précédente expérience en janvier 2020, Campus en lumière, qui a vu, sur une soirée et malgré le froid, affluer un millier d'étudiants et de personnels. Il s'agissait de tester de nouveaux formats pour faire vivre le campus en fin de journée et proposer aux étudiants une animation de campus originale, créative et participative. Lorsque Jérôme Villeneuve, directeur de l'Hexagone-Scène nationale de Meylan, nous a proposé le projet Data cityscape : Campus Highlight, avec l'artiste Joan Giner, nous avons été attirés par le potentiel d'une installation lumineuse et sobre sur le plan énergétique, ouverte à de multiples usages. Cette installation nous permet de tester d'autres formes d'éclairage public en éteignant les éclairages habituels et conventionnels pour laisser place à la luminescence de l'œuvre. Le fait que les couleurs des LED varient en fonction de données relatives à nos consommations électriques et que des vagues de lumière traversent l’installation à une fréquence indexée sur notre trafic de données internet, nous a également intéressés car cela permet de visualiser, d'une manière esthétique, des données qui sont au cœur des problématiques contemporaines du développement durable. La dimension esthétique apporte aussi une expérience nouvelle et inédite, car les rubans de LED soulignent à la nuit tombée une des œuvres d'art majeures du campus de Saint-Martin-d'Hères : les arrêtes des "glacis" évoquant les montagnes, autour du pavage noir et blanc, très cinétique, de la Place centrale. Nous espérons que cette installation provisoire contribuera à faire redécouvrir cette place et la force de son dessin, malgré son mystère persistant : aujourd'hui, nous ne savons pas exactement qui, de l’architecte Cacoub ou du paysagiste Tom Hatashita, en fut l'auteur à la fin des années 1960. Marie-Christine Bordeaux, vice-présidente Culture et culture scientifique et technique et Pascal Louvet, vice-président Finances et patrimoine de l’UGA

En quoi cette installation permet de renforcer des liens déjà forts entre l'Hexagone et l'UGA ?

L’Hexagone et l’UGA interagissent depuis de nombreuses années sur les terrains de la recherche et de la création, à la croisée des Arts et des Sciences. Mais effectivement, cette édition d'EXPERIMENTA est l’opportunité d’engager une nouvelle dynamique, et en particulier de travailler à des créations artistiques pensées ensemble spécifiquement pour la Biennale. La création monumentale de Joan Giner est l’une d’entre elles, sans doute la plus ambitieuse et la plus visible à ce jour. Elle est l’occasion de nous poser plusieurs questions de fond autour de l’espace public, de son éclairage, des enjeux énergétiques, des externalités du numérique, du patrimoine architectural, et d’autres encore. La persistance de cette installation, qui sera active durant deux mois, nous permet de nourrir ces réflexions dans la durée, ainsi que d’évaluer la réceptivité du public (endogène et exogène au campus) sur de telles temporalités. Voilà en somme ce que sont les intérêts convergents sur lesquels s'appuie cette expérience partagée entre nos lieux de culture, de recherche et d’enseignement - qui concernent évidemment les usages de la société tout entière - et qui vont, je crois, nous mobiliser de plus en plus dans les années à venir. Jérôme Villeneuve, directeur de l’Hexagone Scène nationale Arts Sciences

Qu’en est-il de la démarche artistique et scientifique de l’artiste pour cette installation ?

L'œuvre s’inscrit dans la continuité du paysage architectural en utilisant les volumes existants comme support pour la mise en lumière du site. Data cityscape : Campus Highlight s’illumine de manière progressive en suivant une rampe de couleurs indexées sur deux variables.

Pour l’installation faite sur la Place centrale, les deux données qui sont collectées, analysées et illustrées sont, la consommation électrique et le trafic internet de l’UGA.
La consommation électrique contrôle la couleur de l’installation. Une consommation basse affiche du vert, un niveau moyen de l’orange, un niveau haut du rouge et le dépassement du seuil maximum provoque une couleur violette. Le trafic internet contrôle quant à lui la vitesse d’animation lumineuse. Des vagues de lumière traversent l’installation à une fréquence qui est indexée sur le trafic des données internet.

Tous ces éléments propulsent la notion d’éclairage public vers une dimension consciente de la ville et de notre impact sur celle-ci, replaçant l’humain au cœur du projet. « Observer en conscience votre impact sur votre environnement ». Joan Giner, artiste visuel et multimédia français
Publié le  13 octobre 2022
Mis à jour le  12 juillet 2023