Lire c’est aussi ressentir les mots

le  3 novembre 2025
Des scientifiques du Laboratoire de psychologie et neurocognition (LPNC - CNRS / UGA / USMB) ont montré que lire des phrases évoquant des sensations, comme « ça me brûle » ou « j’ai froid », réactive les mêmes zones cérébrales que lors d’une véritable expérience sensorielle. Grâce à des enregistrements intracérébraux, ils ont observé que l’insula postérieure s’active très rapidement (environ 170 ms) et de façon spécifique aux phrases liées aux sensations corporelles. Ces résultats suggèrent que la compréhension du langage passe aussi par la réactivation de nos expériences corporelles — lire, c’est aussi ressentir.
Notre cerveau ne se contente pas de comprendre les mots de manière abstraite. D’après la théorie de la cognition incarnée, cette compréhension réactive les sensations physiques liées aux phrases. Ainsi, lire « ça me brûle » ou « j’ai froid » réactiverait des réseaux cérébraux impliquées pendant une expérience réelle de brûlure ou de sensation de froid. Une des régions de ces réseaux cérébraux est l’insula, une région cérébrale profonde, enfouie sous les lobes frontaux, pariétal et temporal. 

Pour vérifier cela, des chercheurs ont observé directement l’activité neuronale chez des patients qui, pour des raisons cliniques, avaient une implantation d’électrodes intracérébrales. Ces personnes lisaient de petites phrases portant soit sur des actions, soit sur des sensations corporelles (comme la douleur ou le froid), soit qui n’impliquaient pas le corps ou les sensations (à savoir des phrases avec des idées plus abstraites).

Le rôle différencié de l’insula dans la lecture des sensations

Les résultats montrent que l’insula joue un rôle clé dans la compréhension des phrases reflétant des sensations. De manière intéressante, cette région présente des résultats fonctionnellement distincts. Plus spécifiquement, la partie antérieure de l’insula est impliquée lors de la lecture de tous les types de phrases, quel que soit leur contenu.
Au contraire, sa partie postérieure réagit de manière exclusive aux phrases évoquant une sensation du corps, et ce de manière très rapide (en environ 170 millisecondes après de la présentation du mot).  De plus, les résultats montrent que plus l’activation de cette région est importante, plus les participants jugent la phrase comme étant « douloureuse ». 

Ces résultats suggèrent que lorsque nous comprenons des mots liés aux sensations corporelles, notre cerveau recrée ces sensations. Ainsi, lire c’est aussi ressentir les mots.

Contrairement à l’insula antérieure, qui ne présente pas de réponse sélective selon le type de mots, l’insula postérieure montre une réponse neuronale (en termes de pourcentage d’activité haute fréquence, HF%) spécifique aux phrases évoquant des sensations corporelles.
Contrairement à l’insula antérieure, qui ne présente pas de réponse sélective selon le type de mots, l’insula postérieure montre une réponse neuronale (en termes de pourcentage d’activité haute fréquence, HF%) spécifique aux phrases évoquant des sensations corporelles.


 
Publié le  3 novembre 2025
Mis à jour le  3 novembre 2025