Sous le mot deuil se rassemblent plusieurs conditions et émotions liées entre elles : douleur pour la perte, détachement de la personne décédée, transformation de la présence en mémoire, partage social des souvenirs, retour au quotidien. Toutes, ce sont les conséquences d’un fait, inévitable, incompréhensible, inacceptable, universel : la mort. Toutes évoquent le traumatisme de la mort, qui, lui, provoque également différentes réactions : camouflage, mise en récit, rationalisation, invention, dépassement, déni. Malgré le nombre de différences, le deuil est censé être un temps défini avec un début et une fin, rythmé par des rituels. Si d’un côté les rituels sont nécessaires pour achever le deuil dans un temps établi et avec un résultat sûr, de l’autre côté, ils sont désormais des outils de personnalisation du deuil. En effet, ils prennent en compte les émotions, les désirs tant individuels que collectifs des endeuillés, qui ne s’accordent pas à la temporalité moderne accordée à la mort à la faveur d’une redéfinition du temps et du rythme du deuil. L'intervention présentera, un ensemble de pratiques rituelles (en comparaison avec les rituels traditionnels), dont le temps, le rythme, le lieu, fortement défini par les endeuillés et par les technologies numériques, cherchent à répondre à la quête du sens de tout un chacun face à la mort. 

L'intervenante

Docteure en philosophie (Paris – Sorbonne) et en sociologie (Université de Turin), Fiorenza Gamba est titulaire d’une habilitation à diriger des recherches en Anthropologie et Sociologie à l’Université de Strasbourg. Elle est chercheuse à l'Institut de recherches sociologiques de l'Université de Genève et membre du bureau scientifique du Centre International d'Études sur la Mort. Elle a également été membre du comité de pilotage sur la Mort numérique à la TA-Swiss. Les rituels contemporains dans leurs différentes formes sont l’un de ses champs de recherche, elle étudie les représentations contemporaines de la mort et de l’immortalité, notamment le deuil, les rituels de commémorations numériques et leurs enjeux éthiques. Parmi ses publications Mémoire et immortalité aux temps du numérique (L’Harmattan 2016), On ne (sur)vit pas sans rituels (Seismo 2020), AI, mourning and digital immortality. Some ethical questions on digital remain and post-mortem privacy (Études sur la mort, 2022).

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