En observant un déficit de dopamine dans une voie cérébrale bien spécifique dans un modèle d’addiction sévère à l’alcool, des scientifiques du Grenoble Institut des Neurosciences (GIN - INSERM/UGA) ont ouvert de nouvelles perspectives prometteuses pour le traitement des addictions. Leurs résultats ont été publiés dans la revue scientifique Molecular Psychiatry.
Les troubles de l’usage de l’alcool représentent un véritable enjeu de santé publique. On estime en effet que la consommation d’alcool en France est à l’origine de 50 000 décès par an et représenterait un coût sociétal de plus de 100 milliards d’euros.
Il existe encore peu de traitements vraiment efficaces, notamment pour traiter les addictions à l’alcool les plus sévères car les mécanismes neurobiologiques sous-jacents aux addictions sont encore mal compris, malgré une progression importante de nos connaissances au cours de ces dernières années. Nous savons, par exemple, que la dopamine, le neurotransmetteur qui permet de réguler les émotions et la motivation, est impliquée dans les addictions mais nous ne savons pas encore comment exactement.
Au GIN, des chercheurs et chercheuses de l’équipe « Physiopathologie de la Motivation » dirigée par Sébastien Carnicella, chargé de recherche Inserm, ont pu montrer, dans un modèle préclinique, que les phases les plus sévères de l’addiction à l’alcool pouvaient être causées par un déficit en dopamine dans une voie cérébrale bien spécifique, appelée voie nigrostriée. En utilisant un traitement pharmacologique qui permet de corriger de tels déficits en dopamine, ils ont ainsi été capables, dans leur modèle, de réduire fortement la sévérité de l’addiction.
Cette étude apporte donc des connaissances importantes pour le développement de stratégies thérapeutiques efficaces et ciblées non seulement pour l’addiction à l’alcool, mais également pour d’autres addictions qui auraient le même type de déficit en dopamine.
Publié le 17 novembre 2022
Mis à jour le 10 juin 2024
Référence
Goutaudier, R., Joly, F., Mallet, D. et al. Hypodopaminergic state of the nigrostriatal pathway drives compulsive alcohol use.
Molecular Psychiatry (2022). DOI
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