Vincent Lafforgue, lauréat du prix Breakthrough de mathématiques
Distinction / Prix
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le 17 octobre 2018
Directeur de recherche à l’Institut Fourier, le mathématicien Vincent Lafforgue est lauréat du prix Breakthrough dans la catégorie Mathématiques. Ce prix récompense notamment ses recherches sur le programme de Langlands.
Fondés en 2012 et 2013 par de grands créateurs d’entreprise tels que Yuri Milner, Julia Milner, Sergey Brin, Anne Wojcicki, Mark Zuckerberg, Priscilla Chan, Jack Ma, et Pony Ma, les prix Breakthrough visent à célébrer la recherche scientifique et inspirer la prochaine génération de scientifiques. Chaque année, trois prix sont décernés pour récompenser des travaux en physique fondamentale, sciences de la vie et mathématiques. Cette année, c’est le français Vincent Lafforgue, chercheur au CNRS, qui se voit honoré du prix de mathématiques. C’est la cinquième fois que le prix Breakthrough est décerné à un français.
Entré à l’École normale supérieure de Paris (ENS), Vincent Lafforgue choisit comme sujet de thèse la conjecture de Baum-Connes, sous la direction de Jean-Benoît Bost. Il introduit des méthodes originales d’algèbres de Banach pour résoudre de nouveaux cas de cette conjecture. Recruté au CNRS à l’Institut de mathématiques de Jussieu [1] en 1999, il réussit après plusieurs années à montrer cette conjecture à coefficients pour tout un nouvel ensemble de cas - les "groupes hyperboliques" au sens de Gromov.
Pour le mathématicien, il est temps de quitter Baum-Connes et se diriger vers un autre sujet. "Quand on cherche à résoudre un problème difficile, on va échouer neuf fois sur dix. Il faut savoir changer de sujet et passer à un autre problème." Une liberté que l’actuel directeur de recherche à l’Institut Fourier explique devoir au CNRS. "Un poste permanent permet à un chercheur d’avoir une vraie tranquillité d’esprit. Nos recherches et projets sont difficiles et nous pouvons mettre une dizaine d’années avant d’avoir des résultats importants. En plus nous ne pouvons pas prévoir ce que nous allons trouver."
Pendant plus de dix ans, Vincent Lafforgue se consacre alors à la géométrie algébrique et plus exactement à ce que les mathématiciens nomment le programme de Langlands, un vaste ensemble de conjectures en arithmétique. Ses efforts sont récompensés lorsque le chercheur apporte, il y a cinq ans, une contribution majeure au programme de Langlands, sur "les corps globaux de caractéristique positive" comme il le précise à destination des connaisseurs. Un parcours qui lui vaudra d’être lauréat de la médaille d’argent du CNRS en 2015. Il continue ces travaux en collaboration avec Alain Genestier. En août dernier à Rio, il comptait, avec de nombreux autres français, parmi les conférenciers du congrès international des mathématiciens - congrès se tenant tous les quatre ans et durant lequel sont remises les prestigieuses médailles Fields
Aujourd’hui, le directeur de recherche à l’Institut Fourier [2] s’intéresse aux algèbres d’opérateurs pour la mécanique quantique afin de trouver des nouveaux matériaux pour les énergies propres. C’est après diverses lectures, notamment sur les aspects économiques de la crise écologique actuelle, que le chercheur décide d’orienter ses recherches dans ce domaine. "Les économistes disent qu’il y a un sous-investissement global dans la recherche pour les énergies propres et l’écologie. Je précise cependant que ces recherches sont très développées au CNRS. Cela m’a convaincu de m’y mettre. Je veux essayer d’y contribuer."
Vincent Lafforgue recevra son prix le 4 novembre lors de la cérémonie des prix Breakthrough 2018, imaginée dans l’optique d’inspirer les nouvelles générations et de développer un dialogue entre science et société. "La science appliquée est soutenue d'une manière ou d'une autre. La science fondamentale, elle, est très fragile et nécessite le soutien des gouvernements du monde entier. Sans la reconnaissance publique et la compréhension de ce que les scientifiques font, il est très difficile de compter sur la poursuite de ce soutien", justifiait ainsi Yuri Milner dans une interview à Bloomberg technology.
C’est pourquoi la cérémonie, aux airs "d’Oscars de la science", s’inspire de codes connus du grand public : les lauréats sont honorés lors d'une cérémonie de remise de prix au Ames Research Center de la NASA au cœur de la Silicon Valley en présence de prestigieux invités, le tout retransmis à la télévision.
Les fondateurs du prix souhaitent aussi motiver les enfants à s’intéresser aux sciences. Vincent Lafforgue souhaite que les plus jeunes puissent cultiver leurs capacités et leur goût pour les sciences. "C’est très bien de commencer à faire des mathématiques jeune. J’aimais beaucoup mes cours de mathématiques à l’école, spécialement le calcul mental puis la géométrie et l’arithmétique, et aussi les activités extrascolaires, notamment la lecture de livres écrits par des mathématiciens pour les enfants et les adolescents".
Entré à l’École normale supérieure de Paris (ENS), Vincent Lafforgue choisit comme sujet de thèse la conjecture de Baum-Connes, sous la direction de Jean-Benoît Bost. Il introduit des méthodes originales d’algèbres de Banach pour résoudre de nouveaux cas de cette conjecture. Recruté au CNRS à l’Institut de mathématiques de Jussieu [1] en 1999, il réussit après plusieurs années à montrer cette conjecture à coefficients pour tout un nouvel ensemble de cas - les "groupes hyperboliques" au sens de Gromov.
Pour le mathématicien, il est temps de quitter Baum-Connes et se diriger vers un autre sujet. "Quand on cherche à résoudre un problème difficile, on va échouer neuf fois sur dix. Il faut savoir changer de sujet et passer à un autre problème." Une liberté que l’actuel directeur de recherche à l’Institut Fourier explique devoir au CNRS. "Un poste permanent permet à un chercheur d’avoir une vraie tranquillité d’esprit. Nos recherches et projets sont difficiles et nous pouvons mettre une dizaine d’années avant d’avoir des résultats importants. En plus nous ne pouvons pas prévoir ce que nous allons trouver."
Pendant plus de dix ans, Vincent Lafforgue se consacre alors à la géométrie algébrique et plus exactement à ce que les mathématiciens nomment le programme de Langlands, un vaste ensemble de conjectures en arithmétique. Ses efforts sont récompensés lorsque le chercheur apporte, il y a cinq ans, une contribution majeure au programme de Langlands, sur "les corps globaux de caractéristique positive" comme il le précise à destination des connaisseurs. Un parcours qui lui vaudra d’être lauréat de la médaille d’argent du CNRS en 2015. Il continue ces travaux en collaboration avec Alain Genestier. En août dernier à Rio, il comptait, avec de nombreux autres français, parmi les conférenciers du congrès international des mathématiciens - congrès se tenant tous les quatre ans et durant lequel sont remises les prestigieuses médailles Fields
Aujourd’hui, le directeur de recherche à l’Institut Fourier [2] s’intéresse aux algèbres d’opérateurs pour la mécanique quantique afin de trouver des nouveaux matériaux pour les énergies propres. C’est après diverses lectures, notamment sur les aspects économiques de la crise écologique actuelle, que le chercheur décide d’orienter ses recherches dans ce domaine. "Les économistes disent qu’il y a un sous-investissement global dans la recherche pour les énergies propres et l’écologie. Je précise cependant que ces recherches sont très développées au CNRS. Cela m’a convaincu de m’y mettre. Je veux essayer d’y contribuer."
Vincent Lafforgue recevra son prix le 4 novembre lors de la cérémonie des prix Breakthrough 2018, imaginée dans l’optique d’inspirer les nouvelles générations et de développer un dialogue entre science et société. "La science appliquée est soutenue d'une manière ou d'une autre. La science fondamentale, elle, est très fragile et nécessite le soutien des gouvernements du monde entier. Sans la reconnaissance publique et la compréhension de ce que les scientifiques font, il est très difficile de compter sur la poursuite de ce soutien", justifiait ainsi Yuri Milner dans une interview à Bloomberg technology.
C’est pourquoi la cérémonie, aux airs "d’Oscars de la science", s’inspire de codes connus du grand public : les lauréats sont honorés lors d'une cérémonie de remise de prix au Ames Research Center de la NASA au cœur de la Silicon Valley en présence de prestigieux invités, le tout retransmis à la télévision.
Les fondateurs du prix souhaitent aussi motiver les enfants à s’intéresser aux sciences. Vincent Lafforgue souhaite que les plus jeunes puissent cultiver leurs capacités et leur goût pour les sciences. "C’est très bien de commencer à faire des mathématiques jeune. J’aimais beaucoup mes cours de mathématiques à l’école, spécialement le calcul mental puis la géométrie et l’arithmétique, et aussi les activités extrascolaires, notamment la lecture de livres écrits par des mathématiciens pour les enfants et les adolescents".
Notes
- Institut de Mathématiques de Jussieu (CNRS / Université Paris Diderot / Sorbonne Université).
- Institut Fourier (CNRS / Université Grenoble Alpes).
Publié le 13 décembre 2019
Mis à jour le 15 décembre 2019
Mis à jour le 15 décembre 2019