Enseignement à distance : les étudiants acquièrent une nouvelle capacité à travailler en autonomie.

Comment les étudiants arrivent-ils à s’émanciper du cadre du cours et à enrichir leur apprentissage ? Comment les étudiants apprennent-ils à travailler seul ? Quelles postures de l’enseignant.e pour les mener vers l’autonomie?
Innovation pédagogique
Visuel de la série sur l'enseignement à distance "En Allant Discuter"
L’enseignement à distance modifie en profondeur nos pratiques d’apprentissage. De ce fait, cette période de continuité pédagogique a pu être révélatrice de certaines limites à l’enseignement à distance aujourd’hui. Nous sommes partis à la rencontre d’étudiants qui nous partagent leur quotidien universitaire. Ils nous font part de leurs bonnes et moins bonnes expériences vécues au cours de cette année : être moins suivi par l’enseignant, un dialogue réduit à sa bande passante avec ses camarades, etc. Dans ce contexte, comment les étudiants s’adaptent-ils à ce cadre d’enseignement et comment parviennent-ils à travailler en autonomie ? Quelles sont leurs habitudes, leurs besoins ? La question de l’autonomie est centrale dans la continuité pédagogique, et plus globalement comme enjeu inhérent à l’entrée à l’université.

Les discussions de groupe, les rendez-vous à la bibliothèque, ou le dialogue avec ses camarades font donc intégralement partie du contexte d’apprentissage des étudiants. Comment les étudiants recomposent-ils alors leur cadre universitaire ? Certains enseignants ont pris du temps et de l’énergie pour accompagner les étudiants à être autonomes, à organiser leur charge de travail ou à préserver certaines habitudes. Des temps de discussions participent également à créer un cadre favorable pour résoudre les problématiques partagées entre les étudiants.

Préserver un cadre de référence

Quelles méthodes adopter lorsque tous ces éléments sont perturbés, pour préserver cette autonomie sur le long terme ? Comme l’explique Cécile Cacchiana-Rossi1, inspectrice à l’Académie de Versailles, dans un webinaire dédié : “Cette question de l’engagement dans le travail est multifactorielle : il y a des facteurs endogènes, qui sont propres à l’apprenant, et c'est là que l'enseignant à un rôle à jouer car c'est par le choix de sa mise en œuvre pédagogique qu'il va faciliter la capacité de l'élève à entrer dans les apprentissages et l'aider à développer son autonomie.”.

Comme nous l’avons vu à travers la thématique des ressources, ou de la motivation, l’émancipation de l’étudiant passe tout d’abord par un cadre de référence. Pendant la continuité pédagogique notamment, le fait de préserver ces dynamiques et de les adapter à la situation des étudiants a été d’autant plus nécessaire. Par exemple Théo nous raconte comment un cours magistral d’informatique a été décliné à distance : « Le cours m’a marqué car à la base c’était un cours qui devait être un cours magistral. 1h30 de cours magistral du prof qui parle suivi d’un TP/TD qui s’enchaîne derrière. Sauf qu’il a été réadapté avec 30min d’introduction et tout le reste à bosser sur des TP entre les élèves. Et la prof qui passe dans les différents salons vocaux pour interagir avec nous, et si on a des questions interagir directement. C’était un mélange entre cours et TP. Tout a été bien mélangé pour donner une sorte de vivacité à l’apprentissage. »

Ces temps d’échanges intégrés à la méthodologie de l’enseignant permettent de garder un cadre connu. Pour parer les imprévus liés à la connexion, la concentration aléatoire ou la perte d’information, les étudiants semblent rechercher une certaine stabilité dans leurs cours.
 
1 https://tube-versailles.beta.education.fr/videos/watch/c73e5f55-f05e-4459-90a1-32b378278044

Être préparé à la situation et en comprendre les attentes

Lila, étudiante en double-licence Économie-Gestion-Langues Appliquées :

Parfois même un message de soutien nous permet de nous remettre dans le contexte des cours d’une semaine à l’autre.

Le dialogue représente une part essentielle de l’autonomie de l’étudiant, ce qui lui permet à la fois de comprendre les attentes liées à ce cours, et comment il les intégrera à son propre apprentissage. Comme nous l’on dit une promotion d’étudiants qui estiment avoir été lésés dans leur enseignement en langue : “On aurait eu besoin d’avoir des messages de suivi, nous demander des nouvelles et ce qu’on envisageait. On a proposé des solutions mais on ne pouvait pas travailler en autonomie sans avoir des ressources, des conseils...on ne peut pas apprendre des langues sans interactions.”. Cette situation a été prise en compte et entendue par l'équipe pédagogique, et améliorée pour ce second semestre nous a affirmé Myriam, étudiante en double-licence.

Pour commencer un cours en toute sérénité, les étudiantes en métier du livre à l’IUT2 nous décrivent un jour de leur formation sur l’utilisation des outils pédagogiques :
 
Dès le 1er jour on nous a plutôt bien préparés à « comment travailler à distance ». On a fait des mindmap, on nous a donné des articles de types scientifiques ou pédagogiques pour illustrer comment suivre un cours. Pour savoir ce qui est essentiel sur comment organiser notre travail, comment rester en communication avec les autres élèves et professeurs. Ils nous ont montré ça sur Chamilo et ça a fonctionné dès le 1er jour pour qu’on connaisse les moyens de fonctionner à distance. C’était rassurant pour la suite.

Discuter de ces mises en place avec les élèves, qu’il s’agisse d’outil ou de contenu, peut s’avérer très positif. L’étudiant a pu donner son avis et prendre part à la décision, il se retrouve acteur de son cours. C’est alors dans une co-construction que le cours à distance se produit, et ne se ressent pas comme subit. Le fait de discuter des attentes liées au cours, peut potentiellement rassurer l’étudiant quant à son travail ou son orientation.

Léo, étudiant en L1 STAPS :
Dans la tête de quelqu’un, savoir vers quoi on tend sur l’année, le semestre, le trimestre c’est important. Plutôt que d’être un peu dans le flou et de ne pas savoir où l’on va.

 
Mis à jour le  19 juin 2023