Les rivières atmosphériques antarctiques sont un phénomène de plus en plus étudié qui façonne le climat de l'Antarctique, avec des implications profondes sur les variations de masse de glace de l’Antarctique.
Une revue, fruit des travaux du Antarctic Atmospheric River Group, mené par l'ETH Zurich, l'UGA et d'autres laboratoires français, qui réunit des chercheurs de dix pays, met en lumière le rôle crucial des rivières atmosphériques (RA) dans la région et apporte des éclairages sur les causes et les processus physiques à l’origine des rivières atmosphériques qui atteignent l’Antarctique.
Ces événements météorologiques extrêmes transportent d’énormes quantités de chaleur et d'humidité depuis les subtropiques et les latitudes moyennes de l'hémisphère sud vers le continent antarctique, laissant souvent des impacts durables sur la calotte glaciaire et l’environnement au sens large. Un exemple marquant des RA a eu lieu en mars 2022, lorsqu’une RA a provoqué des anomalies de température de 35 à 40°C dans l'Est de l'Antarctique, dont l'anomalie de température la plus importante jamais observée au niveau mondial. Cet événement faisait partie d'une année particulièrement active pour les RA, contribuant de manière déterminante à faire de 2022 une année de bilan positif de masse pour l'Antarctique.
La revue synthétise le cycle de vie des RA, en mettant en évidence leur dynamique atmosphérique et les effets profonds qu'elles ont sur la calotte glaciaire antarctique. L’étude décrit également les outils et méthodes spécialisés développés pour étudier les RA dans cet environnement froid et sec. Les rivières atmosphériques atteignant l'Antarctique sont généralement associées à des dipôles de pression anormalement forts, et sont provoquées par la propagation d’ondes de Rossby, probablement initiés par une convection tropicale profonde qui transporte l'humidité subtropicale vers le pôle. Ces RA ont provoqué des événements majeurs tels que l'effondrement de plateformes glaciaires, la fonte de la surface et des chutes de neige importantes.
Face au changement climatique, il est prévu que les RA augmentent en intensité, conformément à l’effet Clausius-Clapeyron, qui suggère qu’une atmosphère plus chaude peut contenir plus d’humidité. Alors que les RA contribuent actuellement à un bilan de masse positif pour l'Antarctique, des études futures sont nécessaires pour comprendre comment cette relation évoluera avec la hausse des températures. Quantifier précisément ces changements est crucial pour affiner les projections futures de l’élévation du niveau de la mer et anticiper les impacts plus larges sur les écosystèmes mondiaux.
Figure 1: Évènements météorologiques extrêmes provoqués par les rivières atmosphériques en Antarctique et fonte annuelles autour du continent. Abbreviations: RIS: Ross Ice Shelf, EA: East Antarctic, PIG: Pine Island Glacier, adapté de Wille et al., Nature Reviews Earth and Environment, 2025
Ce travail, mené par le Antarctic Atmospheric River Group, souligne l’urgence de mener davantage de recherches sur les RA en Antarctique, dans le cadre des efforts plus larges pour comprendre l'avenir des calottes glaciaires et leur rôle dans l’élévation du niveau de la mer. L’étude a été publiée dans la revue Nature Reviews Earth and Environment le 11 février 2025.
À propos du Antarctic Atmospheric River Group
Le Antarctic Atmospheric River Group est une équipe de recherche collaborative réunissant des experts de dix pays, dédiée à l’étude des impacts des rivières atmosphériques sur le climat et les calottes glaciaires de l’Antarctique. Le groupe organise chaque année des ateliers visant à comprendre ces événements météorologiques extrêmes en Antarctique et leurs implications potentielles pour les niveaux mondiaux de la mer. Le prochain atelier se tiendra du 5 au 8 mai 2025 à Grenoble.
Publié le 28 février 2025
Mis à jour le 28 février 2025
Références
Atmospheric rivers in Antarctica
Wille, J.D. Favier V., Gorodetskaya I., Agosta C., Baiman R., Barrett J., Barthelemy L., Boza B., Bozkurt D., Casado M., Chyhareva A., Clem K., Codron F., Datta R, Durán-Alarcón C., Francis D., Hoffman A., Kolbe M., Krakovska S., Linscott G., Maclennan M., Mattingly K., Mu Y., Pohl B., le Roy dos Santos C., Shields C., Toker E., Winters A., Yin Z., Zou X., Zhang C., and Zhang Z. Nature Reviews Earth and Environment, 11 février 2025
Contact scientifique
Vincent Favier, enseignant-chercheur UGA et glaciologue à l'Institut des géosciences de l'environnement (IGE/OSUG - CNRS/INRAE/IRD/UGA – Grenoble INP-UGA)
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