Vers de nouveaux vaccins contre les infections virales

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le  9 décembre 2021
ADDomerTM, une protéine qui s'auto-assemble pour former une particule de la taille d'un virus, a été développée et brevetée au Laboratoire européen de biologie moléculaire, en collaboration avec l'Institut de biologie structurale, pour permettre la mise au point rapide de vaccins contre le Covid-19 ou le chikungunya. Une licence sur ce brevet a été signée avec la start-up britannique Imophoron.
L'émergence de plus en plus fréquente de nouveaux virus pousse la recherche à explorer de nouvelles voies pour créer rapidement des vaccins. C'est pour répondre à ce défi que Pascal Fender, chercheur à l'Institut de biologie structurale, Frédéric Garzoni et Imre Berger, au Laboratoire européen de biologie moléculaire de Grenoble, ont développé une solution innovante, brevetée, basée sur une protéine de synthèse qui s'auto-assemble pour former une particule de la taille d'un virus. Dans cette molécule, qu'ils ont nommée ADDomer, il est possible d'intégrer des séquences caractéristiques d'un virus. Ainsi, lorsque les particules seront introduites dans l'organisme, elles provoqueront une réaction du système immunitaire contre le virus visé.

La start-up Imophoron, fondée à Bristol (Royaume-Uni) par Frédéric Garzoni, son président, et Imre Berger, devenu le directeur du Max Planck Center for minimal biology de l'université de Bristol, a signé une licence du brevet portant sur l'ADDomer. Initialement axée sur un vaccin contre le chikungunya, Imophoron a réorienté ses recherches vers le COVID-19 dès le début de la pandémie. "Les vaccins basés sur l'ADDomer peuvent être conçus en quelques semaines, ils sont stables à température ambiante et la plupart du temps ils se passent d'adjuvants", indique Frédéric Garzoni.

En 2019, une publication dans la revue Science Advances a établi la preuve de concept de l'efficacité de la solution ADDomer, sur l'exemple d'un vaccin contre le virus du chikungunya. La start-up est maintenant en phase d'essais précliniques. Une levée de fonds de 4,7 millions d'euros vient d'être réalisée pour les finaliser, et permettre ainsi de tester des vaccins contre trois virus : le virus respiratoire syncytial4, le chikungunya, et le Covid-19. Ces essais valideront plus généralement l'ADDomer comme plateforme de développement de futurs vaccins.
 
La version originale de cet article a été publiée sur le site web du CNRS "La lettre innovation".
 
Notes :
  • EP3436591 “Adenoviral coat protein derived delivery vehicles”, en copropriété EMBL/CNRS, publié le 06/02/2019.
  • Le Laboratoire européen de biologie moléculaire (LEBM, European Molecular Biology Laboratory), est une structure internationale de recherche composée de 24 pays ayant pour vocation le développement de recherches en biologie structurale. Il comprend six sites en Europe et le siège est situé à Heidelberg en Allemagne.
  • CNRS / CEA / Université Grenoble Alpes.
  • Le virus respiratoire syncytial (RSV), Human orthopneumovirus, est la cause la plus fréquente, dans le monde, d'infections respiratoires des jeunes enfants.
Publié le  9 décembre 2021
Mis à jour le  9 décembre 2021