Le Couvent Sainte-Cécile retrouve son jardin du 18e siècle !

Culture, Culture scientifique et technique, Partenariats
le  31 mai 2023
Le Couvent Sainte-Cécile, siège des éditions Glénat, abrite désormais le premier jardin patrimonial de Grenoble. Grâce notamment à l’expertise scientifique du Dr Serge Krivobok, enseignant-chercheur à la Faculté de pharmacie de l’UGA, le jardin du cloître de cet ancien couvent fondé en 1624 a été restitué dans une composition proche de son époque.
En janvier dernier, près de 400 ans après la fondation du Couvent Sainte-Cécile et après plusieurs mois d’études scientifiques et de réflexions, le fonds Glénat pour le patrimoine et la création lance les premiers travaux prévus pour la refonte patrimoniale de son jardin situé au centre du cloître du Couvent Sainte-Cécile.

Un travail ethnobotanique pour remonter le temps

L’objectif de ce chantier mené dans le cadre d’une convention avec l’Université Grenoble Alpes (UGA) et en collaboration avec le Lycée horticole de Grenoble Saint-Ismier était de réorganiser le jardin en tenant compte des théories paysagères à l’époque du couvent et de réintroduire des plantes anciennes du Dauphiné certainement utilisées par les religieuses Bernardines.

Vue sur le jardin du cloître du Couvent Sainte-Cécile
Au moment de la rénovation du couvent, le jardin du cloître - qui a longtemps servi de parking pour l’armée avant que les éditions Glénat ne rachète le bâtiment en 2004 - a été conçu en quatre parties selon la théorie des humeurs basée sur les quatre éléments (feu, terre, eau et air) et le calendrier lunaire. On s’inscrivait alors pleinement dans la tradition médiévale. Mais, au XVIIe siècle, époque du couvent, de nouvelles conceptions paysagères avaient vu le jour préconisant une division du jardin en trois parties : médicinale, ornementale, et vivrière.

Pour retrouver ses trois fonctions dans le jardin, le fonds Glénat pour le patrimoine et la création s’est appuyé sur l’expertise scientifique du Dr Serge Krivobok, enseignant-chercheur en botanique et mycologie à la Faculté de pharmacie (UGA), et de Philippe Vérignon, architecte-paysagiste.

Les trois parties du jardin : médicinale (à gauche), ornementale (au centre), et vivrière (à droite) © Fonds Glénat
Les trois parties du jardin : médicinale (à gauche), ornementale (au centre), et vivrière (à droite) © Fonds Glénat
Commissaire scientifique de ce projet de patrimonialisation, Serge Krivobok a pu aussi partager son expérience de directeur du Jardin Dominique Villars, un jardin de plantes médicinales qu’il a recrée en 2014 à l’occasion du bicentenaire de la mort du célèbre botaniste et médecin dauphinois.

Un jardin pour se soigner, se nourrir et s’élever

Officiellement inauguré le 24 mai 2023, le nouveau jardin du cloître du Couvent Sainte-Cécile respecte ces trois zones. Le premier espace est ainsi dédié aux plantes médicinales. Se basant sur le livre du Jean-Baptiste Chomel, docteur régent à la faculté de médecine et conseiller médecin ordinaire du Roi, intitulé "Abrégé de l'histoire des plantes usuelles [...], Paris 1712", une centaine de plantes ont été sélectionnées par Serge Krivobok puis introduites dans vingt jardinières, reflétant les pratiques médicinales de cette époque.

Jardinière des plantes médicinales en usage au XVIIIe siècle
Grâce à un QR Code, les visiteurs peuvent découvrir les vertus de chaque plante en vieux français. L’originalité réside dans le fait que les plantes sont classées selon leurs propriétés thérapeutiques : plantes hystériques, altérantes, céphaliques, digestives, purgatives...

Le deuxième espace du jardin est consacré aux plantes vivrières : courge blanche de Grenoble, tomates de Beaurepaire, coriandre et houblon de Chartreuse… Pour cette zone vivrière, le fonds Glénat a bénéficié du travail patrimonial du Lycée horticole de Grenoble Saint-Ismier, et de Philippe Vérigon, directeur de l’exploitation pédagogique du lycée, avec l’apport de plantes anciennes (labellisées "végétal local") reflétant ainsi les pratiques alimentaires à Grenoble aux XVIIe et XVIIIe siècles.

Enfin, la dernière partie du jardin est constituée de plantes ornementales offrant comme dans les jardins monastiques des Temps modernes l’agrément d’une promenade destinée à soutenir et renforcer la vie spirituelle des religieuses. Un espace d’agrément et de "respiration" indispensable à l’équilibre de cette vie cloîtrée qui est devenu aujourd’hui, pour le bonheur de tous, un véritable havre de paix à découvrir au cœur du centre historique de Grenoble.
Pour savoir plus sur le jardin rendez-vous sur le site du Couvent Sainte-Cécile

Porté à la fois par une commission scientifique universitaire, un établissement pédagogique et une institution culturelle, ce travail de patrimonialisation est une première pour un jardin grenoblois.

Visite du jardin lors de son inauguration le 24 mai 2023 en présence de Philippe Vérigon (de dos) et Serge Krivobok (à droite)
Accessible au grand public aux heures d’ouverture du Couvent Sainte-Cécile, ce jardin sera aussi un lieu d’enseignement d’ethnobotanique des plantes médicinales et toxiques pour les étudiants en pharmacie et en médecine de l’UGA.
Publié le  31 mai 2023
Mis à jour le  1 juin 2023