Impulsé par Hans Rocha IJzerman, maître de conferences de psychologie sociale à l’UGA, organisé avec le soutien du ministère des Solidarités et de la Santé et labellisé dans le cadre de la Présidence française de l’Union européenne, cet événement international a réuni des scientifiques et des acteurs publics ainsi que des représentants d’organisations européennes et internationales autour des enjeux de l’isolement social, de ses impacts sur la santé et plus généralement sur nos sociétés.

La pandémie de la Covid-19 nous a largement sensibilisés aux défis que représente l’isolement, mais la situation d’isolement social est étudiée depuis plusieurs années par les scientifiques. À partir de ces travaux de scientifiques et des retours d’expériences et d’initiatives menées particulièrement en Europe, cette journée a permis de faire émerger un cadre pour l'élaboration d'un plan multisectoriel en matière de lien social, mobilisant les différents acteurs pour mettre en place des mécanismes de surveillance de la solitude et du lien social au niveau national et par la suite dans toute l'Union européenne.

La déconnexion sociale a un fort impact sur notre santé

En introduction de cette journée, Julianne Holt-Lund, professeur de psychologie et de neurosciences à l’Université Brigham Young explique à quel point la déconnexion sociale influence la santé, sous tous les aspects : physiques, cognitifs, mentaux. Elle présente des données montrant que l'isolement social entraîne une mort prématurée et que le lien social est un facteur de protection de notre santé plus important qu'un mode de vie physiquement sain ou que le fait de ne pas boire d'alcool régulièrement.
Elle affirme par ailleurs que c’est un sujet transversal qui a un impact sur tous les domaines de notre vie et de la société : la manière dont on travaille, la manière dont on organise nos loisirs, la manière dont on consomme… L’enjeu dépasse donc largement la seule dimension de la santé publique et elle conclut en affirmant que c’est une « question urgente et importante dont tous les gouvernements devraient s'emparer ».

Collecter les données pour mettre en place des politiques adaptées en Europe

En Europe, plusieurs études ont été menées démontrant que la solitude touche toutes les strates de la population, et notamment les jeunes qui sont fortement touchés depuis la Covid-19.
Selon Dubravka Šuica, Vice-présidente de la Commission de la démocratie et de la démographie de l’Union européenne indique que c’est la première fois que l’Union européenne met autant d’efforts sur ce sujet et qu’une plateforme sur ce thème sera bientôt disponible pour interagir avec les ministères des affaires sociales des état membres et les accompagner dans la mise en place de politiques sociales.
De nombreuses initiatives pour lutter contre l’isolement ont déjà été identifiées (solidarité intergénérationnel en Suède, plan anti-solitude en Grande-Bretagne …). Il est donc nécessaire de mener un travail de collecte des données et de recensement des initiatives afin de capitaliser sur ces expériences et mettre en place des politiques adaptés.

L’isolement social en France : comment agir ?

Les experts se sont ensuite intéressés à la situation en France. Selon l’Insee, 3% des individus sont isolés de leur famille et de leur entourage. Les intervenants soulèvent la grande difficulté à déterminer les critères de mesure de l’isolement, qui est protéiforme, et à analyser la diversité des facteurs qui conduisent à l’exclusion.
À l’UGA, la question de l’isolement des étudiants est également une préoccupation forte. Plusieurs enquêtes menées par la Direction de la Vie étudiante ont démontré que la précarité était souvent un facteur d’exclusion (et même d’auto-exclusion par le poids du stigmate). Un quart des étudiants souffrent d’isolement et de solitude, une proportion qui a doublé lors du second confinement, du fait de l’effondrement des activités proposées sur les campus.

L’objectif de cette journée était également d’initier le lancement d'un plan pour la connexion sociale en France et de former un groupe d'action sur le sujet. Ce groupe d'action, la « Campagne française pour la connexion sociale », se réunira dans les prochains mois pour discuter des actions potentielles à entreprendre rapidement. Un grand nombre de ces actions seront basées sur le travail préalable de la campagne britannique contre la solitude. La campagne française se concentrera également sur la constitution d'une base de données probantes pour la mesure du lien social en France et sur la manière dont les Français peuvent mieux se connecter socialement.

Pour conclure, le président de l’UGA, Yassine Lakhnech s'engage à assurer le soutien de l'université à la démarche entamée lors de cette journée et à accueillir les prochains sommets sur l'isolement social.

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