Gaëlle Edon rejoint les meilleurs pistolières mondiales en para tir sportif

Sport de haut niveau
le  6 juillet 2021
En juin dernier, Gaëlle Edon était au Pérou pour participer à la coupe du monde de para tir sportif. Quatre ans seulement après avoir découvert cette discipline, l’étudiante sportive de haut niveau de l’UGA se classe à la 4e place mondiale. Juste après avoir validé sa licence de droit et avant de gravir le Mont Kenya, Gaëlle Edon revient sur sa saison sportive, ses passions et ses nombreux engagements.
Alors secouriste en montagne, Gaëlle Edon est victime en décembre 2012 d’un grave accident du travail qui la rend hémiplégique. Sa vie est bouleversée à jamais mais elle fait face. Elle reprend ses études en droit et, grande sportive dans l’âme, découvre en 2016 le tir sportif. Dès l’année suivante, elle intègre l’équipe de France et décroche seulement quelques mois après son premier titre de championne de France !

Passionnée d’alpinisme et d’aviron, fondatrice de l’association "La pelle tenace", inventrice primée, vice-présidente de l’Institut de santé parasport connecté, et lauréate en 2019-2020 d’une bourse de la Fondation UGA, Gaëlle Edon revient sur sa saison sportive exceptionnelle, ses conditions d'entraînements et d'études, son handicap, ses nombreux projets et engagements.

Malgré une année perturbée par la crise sanitaire, vous avez réussi à vous classer parmi les meilleures pistolières mondiales

Malheureusement et heureusement grâce à la crise sanitaire, j'ai nettement amélioré mon niveau. En effet, cela fait seulement 4 ans que je pratique le tir et je n'avais pas forcément toutes les bases techniques à mes débuts. Pendant le confinement, je me suis entraînée presque tous les jours à mon domicile en faisant du tir à sec pour travailler mes descentes dans l'axe, à la même vitesse et en faisant travailler correctement le doigt.

Quand nous avons pu reprendre les matchs de préparation, j'ai alors pu constater une belle progression. Cela s'est confirmé par un record de France en début d'année, une 5e place d'une compétition nationale au contact des meilleures tireuses françaises olympiques et une très belle 4e place en coupe du monde au Pérou en juin 2021. Ma petite frustration : l'annulation des championnats d'Europe après avoir obtenu ma qualification en février.

Quelles ont été vos conditions d’entraînement cette année ?

Je me suis équipée à la maison d'une cible électronique sur laquelle je peux tirer à 10 m en situation réelle. Pour le tir à 25 m et 50 m, forcément dans le salon c'est plus compliqué donc je faisais des levées et du tir à sec. Tout cela en plus de la préparation physique quotidienne.
Nous avions des stages équipes de France malgré le confinement dès lors que les autorités ont permis des autorisations pour la pratique des sportifs de haut niveau. Cependant, les compétitions nationales et internationales étaient annulées et la fédération a programmé des matchs de préparation pour nous maintenir dans notre projet de haut niveau.

Vous avez validé cette année votre licence de droit. Comment parvenez-vous à concilier études et sport de haut niveau ?

Ce n'est pas simple d'allier le sport de haut niveau et les études. Il faut être organisée et surtout motivée. Pour ma part, c'est encore plus compliqué car je dois gérer mes rendez-vous médicaux dans le cadre de mon handicap. En effet, je suis devenue athlète en para tir après avoir subi un grave accident qui m'a rendu hémiplégique. En plus des séquelles physiques inhérentes à mon handicap, j'ai des séquelles cognitives. Pour retenir une phrase je dois la répéter 40 fois et il m'est très difficile de me concentrer plus de 10 minutes. Bref, il faut être motivée et passionnée !

En seulement quatre années, vous avez rejoint l’élite internationale du para tir sportif. Comment est née cette passion pour le tir et que vous apporte-t-elle ?

Suite à mon accident, j'ai commencé par l'athlétisme et l'aviron. J'ai développé un système pour faire de l'aviron d'un bras avec deux rames en autonomie complète. Une personne a vu que j'étais motivée et me surpassais et c'est ainsi qu'elle m'a contacté pour essayer le tir. Trois mois après, j'obtenais mon premier titre de championne de France.
Le tir est une discipline mentale. Le temps du tir, j'oublie les tracas du quotidien et cela m'aide à accepter mon accident et voir la vie plus positivement.

Pourriez-vous évoquer vos autres passions, projets et engagements ?

J'ai toujours aimé la montagne, j'ai donc adapté mon matériel pour pouvoir y retourner.
J'accroche mon bras paralysé, je mets une sangle et un releveur de pied. Nous avons créé une béquille piolet qui me permet vraiment de faire de l'alpinisme. Le plus souvent, nous décollons du sommet en parapente pour soulager ma jambe paralysée et c'est plus plaisant. Depuis mon accident j'ai pu faire le Mont-Blanc, le Mont Kazbek à 5 045 m et je projette le mois prochain de gravir le Mont Kenya à 5 199 m d'altitude.

Avec mon entraîneur et deux étudiants nous avons mis en place un système d'aviron pour ramer d'un bras avec deux rames en autonomie complète. Nous avons eu le premier prix de l'innovation 2016 à Paris, avons déposé le brevet et créé l'association "La pelle tenace". Mon but est de rendre ce sport accessible à tous et ainsi ouvrir une nouvelle discipline paralympique.

Je suis aussi vice-présidente de l’Institut de santé parasport connecté (ISPC). Un institut qui va mobiliser, sur un seul site, un écosystème de compétences médicales, scientifiques, pédagogiques et technologiques dédiées à l’évaluation du sport loisir adapté, au parasport-santé, à la détection puis à l’accompagnement des hauts potentiels. Mon rôle est d'être ambassadrice à travers mon parcours sportif et le dépassement de soi.
Publié le  7 juillet 2021
Mis à jour le  8 juillet 2021