Une équipe internationale étudie comment le sélénium pourrait contribuer à la lutte contre le cancer de l'ovaire

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le  14 mars 2023
Cellules du cancer de l'ovaire - illustration 3d vue isomérique - Shutterstock
Cellules du cancer de l'ovaire - illustration 3d vue isomérique - Shutterstock
Le sélénium est un micronutriment qui joue un rôle essentiel dans la santé humaine, mais qui est toxique à des niveaux élevés. Cependant, de nouvelles recherches biomédicales ont montré que le sélénium possède des propriétés anticancéreuses lorsqu'il est utilisé à fortes doses. Pour surmonter les problèmes liés à sa toxicité inhérente, une équipe de recherche internationale, dirigée par le professeur Steve Conlan de l'université de Swansea et le professeur Laurent Charlet de l'Université Grenoble Alpes, a vérifié si les nanoparticules de sélénium pouvaient être développées en tant que traitement potentiel du cancer. Les chercheurs ont démontré que les nanoparticules de sélénium étaient très efficaces pour tuer les cellules modèles du cancer de l'ovaire, cultivées en 3D, pour reproduire l'environnement tumoral naturel.
Ils ont ensuite découvert un nouveau mécanisme biologique qui sous-tend la manière dont le sélénium est susceptible de provoquer cet effet anticancéreux. Ils ont constaté que le sélénium provoque des changements dans l'activité d'enzymes appelées histones méthyltransférases. Ces enzymes régulent les processus épigénétiques, c'est-à-dire la manière dont les conditions environnementales peuvent modifier le fonctionnement des gènes. Contrairement aux mutations génétiques, les changements épigénétiques ne modifient pas la séquence de l'ADN et sont réversibles, mais ils modifient la façon dont l'organisme lit une séquence d'ADN.

Cette recherche a été menée par Benoit Toubhans, dans le cadre de son projet de doctorat commun soutenu par le partenariat stratégique entre l'UGA et l'université de Swansea, avec coté grenoblois les scientifiques Sylvain Bohic (STROBE - UGA / INSERM), Caroline Bissardon (EMBL Grenoble, première doctorante à avoir effectué une thèse en cotutelle UGA-Swansea), Alexandra Gourlan (ISTerre - UGA / USMB / CNRS / IRD / Université Gustave Eiffel) et Olivier Proux (OSUG - UGA / IRD / INRAE / Météo France). Leurs résultats ont été publiés fin février 2023 dans la revue scientifique Redox Biology.

Le professeur Conlan, qui dirige le groupe de biologie de la reproduction et d'oncologie gynécologique à la faculté de médecine de l'université de Swansea, a décrit le projet comme un formidable effort de recherche scientifique. Il a déclaré : "C'est l'un des rares moments où l'on se rend compte que l'équipe a fait une nouvelle découverte biologique. Noor et Benoît sont des scientifiques incroyablement talentueux, et ce n'est que grâce à leurs compétences et à leur dévouement que nous avons pu réaliser cette avancée. Le partenariat Swansea-Grenoble démontre clairement que les partenariats internationaux et interdisciplinaires ouvrent la voie à la découverte scientifique".

L'équipe espère que cette découverte permettra de mieux comprendre l'action des nanoparticules de sélénium et affirme qu'il est désormais important de prendre en compte à la fois les effets antioxydants classiques et les nouveaux effets du sélénium sur la méthylation des histones, ainsi que son développement en tant que thérapie anticancéreuse.
Publié le  13 mars 2023
Mis à jour le  14 mars 2023