Jonathan Cognard, des montagnes à la bande dessinée

Culture scientifique et technique
le  24 avril 2024
Territoire de sciences a rencontré Jonathan Cognard, doctorant en économie écologique à l'UGA et lauréat de l’édition 2024 de “Sciences en bulles” pour la Fête de la science.

Jonathan Cognard est doctorant UGA au Laboratoire des écosystèmes et sociétés en montagne (LESSEM), un laboratoire INRAE. Très attaché aux montagnes ainsi qu’aux différentes vies qui s’y sont développées, ses travaux porte sur la soutenabilité hydrique des territoires de montagne.
Avec sympathie et précision, il a accepté de répondre aux questions de Territoire de sciences.

Quel est votre sujet en particulier ?

J’étudie la production de neige par les stations de sports d’hiver dans le contexte du changement climatique.  J’étudie plus précisément les effets économiques, hydrologiques et écologiques, pour comprendre ses intérêts et ses inconvénients pour les humains et les non-humains en montagne. J’essaie en particulier de savoir si tous les usagers de l’eau peuvent ou non coexister.

Quels sont les principaux objectifs de vos recherches ?

Les travaux précédents qui se sont intéressés aux conflits d'usages de l'eau entre les humains et les autres usagers non-humains, sont anthropocentrés et s’intéressent à des échelles très larges. Ces recherches peuvent passer à côté de problématiques très localisées dans le temps et l’espace. Un de mes objectifs est donc de réfléchir plus localement à ces questions. 

J’ai également étudié l'intensification des investissements dans la production de neige, afin d'évaluer s'ils permettent d'adapter ou non l'économie des territoires de montagne au changement climatique ainsi que l'intensification des capacités de stockage de l'eau dans des retenues d'altitude, afin d'évaluer si elles permettent ou non de limiter les prélèvements pendant la période d'étiage hivernale, qui est critique pour les écosystèmes.

Vous évoquiez la pluridisciplinarité : vous considérez-vous plutôt comme économiste ou écologiste ?

On ne peut pas répondre aux problématiques auxquelles je m’intéresse avec une seule discipline. J’ai tranché quand il a fallu que je m’inscrive dans une école doctorale, pour l’économie, car cela correspond plus à la formation que j’ai eu, mais je déborde un peu de cette case d’économiste pour aller chercher d’autres choses dans d'autres cases. Finalement… je me suis bricolé ma propre case, je touche à tout, je ne suis spécialiste en rien.

Venons-en à votre participation à Sciences en Bulles. Est-ce  votre première contribution au monde de la vulgarisation ?

Oui, c’est ma première vraie expérience de médiation et elle arrive au bon moment ! Plus tôt, elle aurait été prématurée dans mes recherches. J’avais besoin de comprendre en profondeur mon sujet avant d’en parler. En plus, dans la bande dessinée, je donne certains de mes résultats. Je soutiens ma thèse en septembre 2024 et la BD sera publiée en octobre. Pour une question d’éthique scientifique, je ne souhaitais pas livrer mes résultats tant qu’ils n’étaient pas publiés et donc approuvés par mes pairs.

En quoi pensez-vous que des événements comme "Sciences en Bulles" peuvent contribuer à rapprocher la science et la société ?

La BD est un format complémentaire aux autres (article, interview, présentations…), qui permet de toucher un public qui ne lit pas forcément d'article de vulgarisation. Ça rend l’exercice ludique. Lorsque j'ai reçu les premières planches, j’ai trouvé incroyable tout ce qu'une image peut faire passer comme informations. L’image vous reste en tête plus que des mots compliqués. Le travail de la médiatrice et de l’illustratrice sur la BD que l’on réalise ensemble est assez énorme pour rendre les propos accessibles.

Propos recueillis par Chloé Ettouati et Marion Sabourdy
Publié le  24 avril 2024
Mis à jour le  24 avril 2024