La Maison en terre du campus UGA toujours plus « e-ColoS ! »

Formation, Innovation pédagogique, Développement durable, Patrimoine
le  18 juillet 2023
Chantier participatif étudiant de rénovation thermique de la toiture de la maison en terre sur le campus de Saint-Martin-d'Hères
Chantier participatif étudiant de rénovation thermique de la toiture de la maison en terre sur le campus de Saint-Martin-d'Hères
Du 26 juin au 7 juillet 2023 à l’occasion d’un chantier participatif impliquant une quinzaine d’étudiantes et étudiants de différentes filières de l’UGA et de l’ENSAG - UGA et leurs enseignants-chercheurs, plus de 1000 briques de terre allégée comprimée (BTAC) ont été mises en place sur la toiture de la maison en terre afin d’en améliorer les performances thermiques. Immersion sur ce chantier d’isolation en matériaux naturels et locaux made in UGA !
Presque quarante ans après la construction de la maison en terre aussi appelée maison 24H, le projet e-CoLoS ! (Étudie les Constructions Locales Soutenables !!) soutenu par l’Idex formation, cherche à valoriser les performances soutenanbles et patrimoniales de ce bâtiment atypique du campus de Saint-Martin-d'Hères , tout en améliorant son confort intérieur pour ces occupants. Il héberge en effet depuis 2017 une partie de l’équipe du CAESUG ainsi qu’une instrumentation de confort thermo-energetique (temperature, hygrometrie…) consultable et analysable en pédagogie.

Durant l’année 2023, l’équipe e-CoLoS! composée d’enseignants-chercheurs membres des laboratoires de recherche AE&CC (CRATerre), 3SR et d’étudiants du DSA (diplôme de spécialisation et d’approfondissement) Architecture de terre de l’ENSAG - UGA ont planché sur une solution en matériaux naturels et locaux pour corriger thermiquement ce bâtiment en terre crue.

Une brique de terre allégée conçue par les étudiants et produite localement pour isoler la toiture

C’est ainsi que la brique de terre allégée comprimée (BTAC) a été mise au point à AE&CC et produite lors du festival Grains d’Isère, aux grands ateliers, une plateforme pour l'expérimentation et le prototypage à l'échelle réelle à destination des étudiants située à l’Isle d’Abeau.

Cette brique de 20 cm par 20 cm, composée de terre et de fibres, possède des propriétés hygrothermiques intéressantes et adaptées pour réaliser des améliorations thermiques en ayant un impact environnemental limité. Elle a donc été produite par les étudiants et étudiantes impliquées pour ensuite être appliquée sur la toiture constituée de coupoles et de voûtes à l’occasion de ce chantier démonstratif et participatif qui a rassemblé des volontaires issus des filières de l’ENSAG - UGA, Phitem, Secteur santé UGA ainsi que des doctorants.

Briques de terre allégée « T’air bloc »Vue de la toiture recouverte de briqued « T’air bloc »
Les volontaires en action sur le chantier

Une implication étudiante récompensée par un Open badge RSE

Bonus pour valoriser leur implication sur ce chantier participatif éco-responsable, les étudiants et étudiantes auront la possibilité d’obtenir l’Open badge UGA Responsabilité sociétale et environnementale (RSE) qui valorise l’engagement pour les transitions écologiques et sociétales.
L’Open Badge est une attestation numérique unique, sécurisée et vérifiable. Il est utilisé par des communautés de pratique, des organisations, universités, associations, entreprises et bien d’autres pour reconnaître et valoriser des compétences, savoir-faire, savoir-être, engagement, au-delà de la formation universitaire classique. Son format numérique le rend facilement partageable sur des réseaux professionnels et intégrable dans des e-portfolios ou CV en ligne.

Rencontre avec les acteurs du chantier

Dominique Daudon, enseignante-chercheuse au sein du laboratoire 3SR (CNRS/Grenoble INP - UGA/UGA) et porteuse du projet IDEX formation e-CoLoS!! : « Le projet e-CoLoS!! a pour but d’étudier le comportement thermo-énergétique de quelques bâtiments du campus grenoblois grâce à des capteurs. Les mesures transmises sont accessibles en ligne et en temps réel pour la pédagogie des formations liées à la construction. Et une activité dite de « Bureau d'étude », alliant à la fois de la thermo-énergétique, de l'infiltrométrie et des outils de diagnostics mécaniques (analyse vibratoire bruit de fond sismique, analyse magnétique de détection d'armatures) est ainsi proposée aux étudiants et étudiantes à travers l'outil pédagogique LabNbook également financé par l'IDEX formation. Durant le chantier, de nouveaux capteurs fabriqués en partenariat avec l'Inria ont d’ailleurs été installés dans la toiture. L’étude de ces résultats leur permet de comprendre comment utiliser les bons matériaux au bon endroit, les bons outils de construction au bon endroit car on ne peut pas faire des constructions frugales partout non plus ! L'idée n'est pas d'opposer les types de constructions, mais plutôt de les mettre en parallèle pour que chacun puisse bien appréhender le champ des possibles. Enfin, la prochaine étape du projet, planifiée en septembre 2023, sera de caractériser thermiquement et mécaniquement les briques posées pour pouvoir ensuite les utiliser dans les modélisations numériques que les étudiants font dans le cadre de leur enseignement. »

Laurent, étudiant en DSA Architecture de terre, cultures constructives et développement durable à l’ENSAG – UGA et membre de l’équipe CRATerre du laboratoire AE&CC : « J’ai été missionné dans le cadre de mon stage pour coordonner le projet d’isolation de la Maison en terre et l’organisation du chantier. Afin de ne pas changer l’aspect du bâtiment, nous avons choisi d'isoler thermiquement seulement la toiture en espérant se rapprocher des exigences des bâtiments actuels. En amont du chantier, il y a donc eu une phase de formulation et de recherche en laboratoire pour trouver un matériau naturel qui soit le plus isolant et léger possible et accessible localement ! On s’est donc orienté vers des matériaux recyclés locaux avec aussi l'idée développer des partenariats. Notamment la terre boue de lavage, actuellement considérée comme un déchet, qui provient de l’entreprise CEMEX située à Villefontaine, et qui œuvre à la revalorisation de ce matériau. C’est une terre issue du nettoyage des gravats, qui est une terre très cohésive, c’est-à-dire très collante. Parfaite pour agglomérer les fibres entre elles avec peu de quantité tout en ayant une masse la plus faible possible. La paille utilisée est de la paille de blé. Un déchet issu de l’agriculture plus fréquemment réemployé sous forme de lisier ou compost. Il existe donc une filière, avec des revendeurs qui proposent cette paille déjà hachée simple à malaxer avec le coulis de terre. Ce qui est intéressant dans ce projet à mon sens, c'est aussi le fait de faire lien avec la génération qui a construit la maison 24H : les anciens étudiants de l’ENSAG - UGA qui sont maintenant nos professeurs ! Il y a donc des échanges riches et ça crée une continuité. Et on apporte notre pierre à l'édifice pour faire face aux enjeux qui sont les nôtres aujourd’hui. »

Pour Elias, étudiant en 2e année de Diplôme d’Études En Architecture (DEEA) à l’ENSAG - UGA : « Ce chantier est une belle opportunité car depuis ma première année je m’intéresse à la mise en œuvre en terre crue. Ça va donc m’apporter quelques savoir-faire techniques pour un projet que je vais réaliser cet été en convention avec l’ENSAG – UGA. De plus, cette démarche d’expérimentation s’inscrit à mon avis parfaitement dans mon cursus parce que les écoles d'architecture sont en transition et qu’on va être amené dans nos projets professionnels à repenser les façons de bâtir avec des méthodes plus soutenables.
Personnellement, je suis persuadé que la terre est un matériau d'avenir à étudier ! »

Anas, étudiant UGA en 3e année de licence génie civil au sein de l’UFR Phitem témoigne à son tour : « Cette immersion sur le chantier rapporte une touche de pratique à notre formation théorique engrangée durant l'année universitaire. En même temps, ça touche un sujet d’actualité très important à mon sens : l'isolation thermique d’une structure qui a maintenant plus de 30 ans ! Un autre aspect qui m’a incité à m’impliquer dans ce projet, c'est le fait de travailler avec des personnes de divers horizons et notamment des futurs architectes ou architectes diplômés puisqu'en tant qu’ingénieur, je serai amené à travailler à leur côté ! Et puis il y a une bonne ambiance sur le chantier, c’est convivial ! »

Quelques étudiantes et étudiants engagés sur le projet e-ColoS !
Publié le  18 juillet 2023
Mis à jour le  20 octobre 2023