Pédagotalks : la conférence de Richard Taillet sur la réussite des différents publics étudiants

Conférence Innovation pédagogique
le  13 février 2020Saint-Martin-d'Hères - Domaine universitaire
Cycle de conférence pour partager autour des multiples facettes de la pédagogie
Cycle de conférence pour partager autour des multiples facettes de la pédagogie
Jeudi 13 février 2020, de 12h30 à 13h15 a eu lieu la première conférence du cycle « Pédagotalks », organisé par la DAPI, à l’auditorium de la BU Joseph Fourier. Pour lancer cette série de rendez-vous consacrés à la pédagogie, c’est Richard Taillet, enseignant-chercheur en Physique à l’Université Savoie Mont-Blanc qui a ouvert le bal, avec une intervention sur la réussite et l’accompagnement pédagogique des différents publics étudiants.
Avec la massification de l’enseignement supérieur, aujourd’hui l’Université accueille une très large variété de profils, aux motivations et projets divers. On constate en parallèle une évolution rapide des publics étudiants, d’une année sur l’autre. Les enseignants doivent donc adapter leurs pratiques pédagogiques, afin de répondre aux besoins de ceux qui sont le plus en difficulté et de prendre en compte les évolutions de leurs publics. Une question centrale émerge alors : l’université peut-elle accompagner tous les étudiants vers la réussite ? Comment et avec quels moyens l’enseignant peut-il relever ce défi ?

En s’appuyant sur un exemple de « parcours réussite » développé à l’Université Savoie Mont-Blanc et grâce à un échange avec la salle, Richard Taillet propose des pistes de réflexion.

Évolution des publics étudiants : quels constats ?

Les stratégies d’orientation des étudiants changent. Ils peuvent passer d’une formation à une autre (prépa intégrée à DUT par exemple), bouleversant leur cadre d’apprentissage et la méthodologie qui leur est proposée. Leurs pratiques évoluent aussi rapidement. Leur rapport à la lecture, par exemple, s’est modifié en quelques années seulement.

Également confrontés à une évolution rapide des programmes du secondaire, certains enseignants choisissent de remanier leurs cours pour intégrer des notions de base qui ne seraient peu ou plus abordées au lycée, en fonction des enseignements de spécialité.
La question se pose pour d’autres : est-ce à l’enseignant d’anticiper ces changements ou est-ce à l’étudiant qui est finalement responsable de son propre apprentissage ?

Richard Taillet s’adresse au public présent dans l’auditorium, qui évoque quelques pistes de réponse : aide par les pairs via des groupes créés sur les réseaux sociaux par exemple, séances de méthodologie de travail universitaire ou encore accompagnement pédagogique personnalisé, basé sur la méthode de travail propre à l’étudiant (système évoqué et déjà mis en place par l’IFPS de l’Université Grenoble Alpes).

Un parcours de réussite proposé aux étudiants de première année

À l’Université Savoie Mont-Blanc, un « parcours réussite » est proposé pour les étudiants de la 1ère année commune Maths – Physique – Chimie qui ont obtenu une réponse « oui si » sur Parcours Sup. Richard Taillet zoome sur ce « cas pratique », permettant de donner un exemple de dispositif et d’analyser les pratiques actuelles.
 
« Extensions de TD en 1ère année » : un exemple de « parcours réussite » mis en place à l’USMB
  • Objectif pédagogique d’une des séances : consolider / mettre en place une notion pré-requise (ex : théorème de Thalès)
  • Nombre d’étudiants – formation concernée : 30 étudiants du parcours de réussite en L1, année commune aux maths, physique, chimie
  • Déroulé des séances : présentation d’un problème « simple », sans piège, à résoudre en utilisant la notion en question. Présentation de problèmes simples analogues.
  • Travail attendu des étudiants : réflexion personnelle, formulation de questions à l’enseignant, exposé (décomplexé) et décorticage des erreurs.
  • Évaluation : aucune

Source : extrait du support de présentation de Richard Taillet, 13/02/2020

Le bilan de ce dispositif est assez nuancé pour les étudiants comme pour les enseignants. Si les enseignants apprécient le confort pédagogique offert par ces créneaux supplémentaires, cela augmente indéniablement leur charge de travail et les résultats ne sont pas toujours au rendez-vous, ce qui peut être décevant. Côté étudiants, cela engendre aussi une surcharge de travail et parfois de la stigmatisation, alors qu’il s’agit d’un public déjà en difficulté. Pourtant, ils trouvent ces cours rassurants et utiles.

Des acteurs pro-actifs et des pistes à explorer

Richard Taillet conclue cette intervention avec le constat suivant : les acteurs du système universitaire sont pro-actifs, mais sont aujourd’hui mal armés pour faire face aux évolutions du public entrant à l’Université.

Un partage de pratiques autours des dispositifs existants et une collaboration plus étroite avec les services d’accompagnement à la pédagogie pourraient être des pistes à explorer pour guider au mieux les différents publics étudiants vers la réussite.

Toutefois, et comme certains auteurs, il rappelle aussi que la réussite ne dépend pas seulement de l’accompagnement dont bénéficie l’étudiant et des pratiques pédagogique de l’enseignant. Les variables d’orientation, d’engagement, de motivation et même de plaisir chez l’apprenant peuvent également être décisives.

Publié le  2 mars 2020
Mis à jour le  12 novembre 2020