Courts métrages : la géopolitique vue par les étudiants de l’Institut d’urbanisme et de géographie alpine

Innovation pédagogique
Les courts métrages réalisés par les étudiants de l'IUGA
Lundi 10 février 2020, les étudiants de L3 du parcours "Géographie, espace et sociétés" ont projeté leurs cours métrages à l’Espace de vie étudiante (EVE) du campus.
L’enthousiasme de la salle d'EVE remplie a confirmé la qualité des vidéos qui ont été produites pendant ce semestre de cours. Cette projection a pu avoir lieu grâce à Olivia Ferrero, réalisatrice indépendante, et Rafael Galante, vidéaste photographe, qui interviennent dans le cours de "Géographie et média" et à Claire Revol, responsable pédagogique du parcours "Géographie, espace et sociétés" de la licence 3 "Géographie et aménagement". Ce projet a été soutenu par la Direction de la culture et de la culture scientifique de l’Université Grenoble Alpes, dans le cadre d’un appel à projet, et les enseignants comme les élèves souhaiteraient le faire perdurer pour les prochaines années.

"La France en marge" ou "Genres et politiques urbaines"

C’est autour d’un axe très politique que les étudiants du parcours ont eu l’occasion de partager avec nous une cause qui leur tenait à coeur. Ce cours de géographie et média leur a donné l’occasion de créer un documentaire de 8 à 10 minutes. Les étudiants, par groupe de 6 à 8, ont eu le choix d’investir l’un de ces deux sujets : "La France en marge" ou "Genres et politiques urbaines". 5 courts métrages finaux ont été présentés sur des thèmes très variés :
  • Les métiers oubliés dans "Consommer la consommation"
  • La situation des sans-abris dans "La Maraude"
  • Les migrations avec "De l’autre côté de la frontière"
  • Le harcèlement sexiste avec "Dans ma rue", présenté par d’anciens élèves de la licence
  • L’intersectionnalité et la cause LGBT+ dans "Ensemble et séparé.e.s"
Par la production de courts-métrages, les étudiants ont pu acquérir des compétences nouvelles et sont passés par différentes phases : la concertation, l’élaboration, la distribution des rôles, la prise de contact, la pratique sur le terrain (interview, vidéos…) et ont pu investir une enquête de terrain dans une production audiovisuelle.

Un projet complet et complexe

Leur réflexion a beaucoup évolué au cours du projet. comme le choix du thème et ses limites, son lien avec la formation, les évènements vécus ou les personnes rencontrées. En réponse au public concernant le choix des sujets, le groupe de la Maraude répond : "Notre sujet de base était la précarité alimentaire, mais il s'est transformé petit à petit car de maraude en maraude on s'est rendu compte que le vrai problème aujourd'hui c'est le droit au logement." Ici le contact avec les personnes concernées a donc été déterminant dans la construction du projet, ce qui marque leur ancrage dans la vie grenobloise et l’importance du travail de terrain réalisé par les étudiants. Comme nous le dit le groupe sur le droit au logement des personnes en situation irrégulière, "Le plus dur a bien sûr été de trouver des personnes confrontées à tout cela". Ce sont donc aussi leur professeur qui ont pu les orienter. Ce groupe nous a fait partager sa difficulté à définir un sujet "On était pas du tout parti pour parler de ce sujet-là, on voulait parler de la représentation des marges en général mais on nous a fait comprendre à raison que ce n'était pas possible d'aborder cela en 10 minutes de film". C’est finalement face à la contrainte de l’organisation, que les groupe se sont rendus à des évènements divers et de confronter leurs idées aux réalités. Ce thème a aussi permis aux étudiants de faire le lien avec leurs parcours "Géographie, espace et sociétés" avec notamment l’aide de la chercheuse en géographie de l’immigration au laboratoire Pacte, Sarah Mekdjian. La présence des professeurs a été très importante dans le déroulement et l’orientation de ce projet et ils en ont été vivement remerciés à la fin de la séquence. Enfin, suite à la projection à EVE, une nouvelle direction a été donnée au projet par le biais d’échanges et de réflexions. Les étudiants ont été encouragés à continuer d’une manière ou d’une autre à partager leurs réalisations.

En interviewant des personnes, en se rendant à des évènements ou en aidant des associations, les étudiants ont pu étendre leurs sujets de recherche à de nombreux lieux et acteurs et les découvrir en profondeur. Ainsi, ce sont des projets aboutis qui ont été rendus, et un des groupes a pu fournir son travail pour la communication de l’association "Help SDF". Cela a participé à donner de la visibilité à des acteurs divers et de donner un canal d’information à leurs différentes problématiques.

Un apprentissage autonome motivant

Apprendre par la réalisation audiovisuelle permet aux étudiants de redécouvrir leur discipline sous un autre angle, mais surtout de la communiquer à leur tour. Pour cela, les professeurs ont d’abord apporté des éléments théoriques et techniques sur la cinématographie et dès lors les étudiants ont été missionné pour aller mettre en application ce qu’ils avaient retenu. En parallèle, les groupes ont pu commencer à élaborer leurs projets avec un dossier conception et les premiers rendus intermédiaires. Puis, l'organisation des cours a été plus libre et les élèves rendus autonomes pouvaient se rendre à leurs différents rendez-vous, prendre leurs images et vidéos et les assembler entre elles.

"Ce qui est bien dans ce parcours c’est qu’on a différentes manières de voir quelque chose de pratique et non pas seulement du théorique, on fait des choses très concrètes et ça permet aussi de montrer que la géographie ouvre pas mal de possibilités."

Les choix de réalisation utilisés ont pu servir leur réflexion, et comme nous l’a dit un étudiant "On ne le voit pas forcément mais derrière ce sont des heures et des heures de boulot derrière un ordinateur, moi j’y ai passé la veille de Noël mais c’est quelque chose qui vaut le coup". Le documentaire est donc un média très adapté pour transmettre une certaine vision de la société, et par la même occasion donner de la voix à des personnes à qui on ne la donne pas toujours. Ce moyen a donc fait ses preuves quant à l’élaboration d’une réflexion et d’une critique très poussée et accessible au plus grand nombre par sa forme.

Les étudiants ont beaucoup apprécié faire ce projet et cette démarche mérite de disposer de plus de temps selon eux. C’est pour cela que l’organisation très suivie du projet, leur permettra par la suite de réaliser d’autres travail de ce genre. C’est d’ores et déjà ce qui a été prévu durant la séance de discussion poursuivant la projection, les étudiants estimant que ce travail avait vocation à être vu, échangé et discuté à l’occasion de nouveaux évènements et assemblées.

"Je voudrais vous remercier car c’est une chance d’avoir eu un cours nous permettant de faire ce projet. Je pense que chacun a vécu une expérience particulière par son film, des choses des gens et des endroits."

Pour plus d’informations sur ce parcours, rendez-vous sur le "carnet des étudiants"
Mis à jour le  17 mars 2021