Citizen Campus : former les citoyens de demain

Le 24 janvier 2020 a eu lieu la quatrième session du programme Citizen Campus autour du thème "Citoyennetés, Innovation et transition". Pour cette journée, la question a été abordée sous le prisme des "Engagement(s) et expertise(s)".
Citizen Campus est une formation de l’Université Grenoble Alpes, qui s’inscrit dans le cadre d’une certification complémentaire (CU). Projet Idex, en place depuis 2018, cette formation inédite s’inscrit parmi les missions essentielles de l’université. Le but de ce parcours "Sciences et sociétés" est d’intégrer le débat citoyen au sein de l'université et de rendre les étudiants acteurs des changements de notre société. Découvrez le projet et ses acteurs à travers notre reportage vidéo :
 

Une année, un thème, 8 journées


Après "Sciences, techniques, sociétés : qui gouverne le progrès ?" choisi comme problématique pour la première édition de Citizen Campus, c’est sur le thème "Citoyennetés, innovations et transitions" que débattront cette année les 21 étudiants de la promotion 2019-2020. Décliné en 6 sessions sur l’année scolaire, ce thème s‘organise autour de deux grands sujets de société : la transition écologique et celle du numérique. Très différentes au premier abord, elles se rejoignent sur des questionnements propres à la société civile mais aussi dans la prise de décision au niveau gouvernemental, ou entrepreneurial. En transposant ces problématiques à plusieurs domaines (droit, sciences) les étudiants peuvent se forger un avis construit et objectif. Les organisateurs s’attèlent pour cela à créer un dialogue entre les étudiants et intervenants, de manière la plus horizontale possible. Marguerite Pometko, chef de projet Citizen Campus, explique ceci : "Autour de chaque thématique générale on va identifier les sujets qui sont incontournables et les profils qui pourraient intervenir". Une étudiante s’est rendue compte qu’en abordant des sujets d’actualités sous différents angles, elle a ouvert son champ de connaissance dans sa propre discipline. "C'est ici que j'ai découvert la notion de droit spatial alors qu'en droit on ne m'en avait jamais parlé, c'est comme ça que j'ai commencé à chercher dans les masters ... Donc finalement me décaler du droit m'a permis de me recentrer dessus donc c'est une bonne chose !"

La session "Engagement(s) et expertise(s)"


Dans un premier temps, les étudiants et organisateurs se retrouvent pour discuter de l’actualité et faire des liens entre leurs formations et les précédentes sessions. Les organisateurs prennent tour à tour la parole pour répondre aux interrogations des étudiants, et peuvent commencer à orienter les questions vers le sujet du jour. Par exemple, sur les feux de forêts en Australie, ou la récente pandémie du Coronavirus : qu’en pensent les citoyens et qu’est-ce que cela dit de nous ? Quels acteurs entrent en jeu et quels sont leurs divergences ? Quels sont leurs apports et limites par rapport à leur expertise ?. Un étudiant enthousiaste raconte : 

"C'est une bonne initiation au débat, on apprend à exprimer ses idées et écouter celles des autres. C'est aussi être en mesure de prendre les idées, les reformuler et les échanger..."


Avec des invités tels que Serge Slama, professeur de droit public à l’UGA, Nathalie Ricou et Fatma Messaoudene, association Soif de Savoir, les étudiants sont ensuite invités à questionner collectivement le rôle de chaque individu dans son cadre de vie : acteur politique, travailleur, citoyen… Pour mieux comprendre comment agir au quotidien, le premier intervenant expose une première problématique : "Les experts ont-ils intérêt à être lanceurs d'alerte ? Existe-t-il des risques juridiques à dénoncer les périls scientifiques ?" qu’il développera à l’aide de notions d’histoire à travers les pays et une analyse de presse chronologique. L’après-midi, c’est le collectif “Soif de savoir” (avec Nathalie Ricou et Fatma Messaoudene) qui intervient pour parler de la précarité et des droits que cela entrave. Ces interventions permettent aux étudiants de comprendre les enjeux d’un discours, et son empreinte dans l’actualité. Ainsi, comme nous le dit Isabelle Forge Allegret, porteuse du projet, “On ne veut pas en faire des experts d'un sujet mais on veut leur donner une méthode pour appréhender chaque sujet”. C’est donc dans une démarche scientifique que l’ensemble de ces sujets sont traités, en intégrant différents acteurs et des phases de débat articulées autour de chaque intervention. Ces principes sont directement inspirés des méthodes de l’Institut de Hautes Études pour les Sciences et les Technologies (IHEST) qui doit permettre d’aborder ces questions grâce à des pédagogies dites démocratiques (information, débat…). 

Les étudiants, issus de formations très diverses en tirent les bénéfices à la fois professionnellement et personnellement. Une étudiante a développé son esprit critique vis-à-vis de la société grâce aux échanges et au travail co-construit avec des étudiants d’autres disciplines :

“Cela m'a permis de me dire que j'ai ces connaissances, je peux les apporter dans le paquet commun et en faire quelque chose de plus grand pour ensuite élargir mon champ de pensée. […] C'est impressionnant de se rendre compte de la petite lampe torche qu'on a quand on réfléchit seul et puis finalement tout l'éclairage qu'on peut avoir quand on réfléchit en groupe."


Des temps de discussions formels et informels


Après chaque intervention, les étudiants se regroupent pour résumer le sujet et y intégrer leurs questionnements. Les étudiants doivent construire, par groupe, une seule question qu’ils poseront à l’intervenant. Cela favorise les échanges approfondis.

À ce moment-là, les étudiants sont réunis de manière aléatoire et la discussion peut donc se nourrir des réflexions et connaissances de chacun. Comme nous l’explique une étudiante de Citizen Campus :

"A l'école on apprend tous la même chose, ici à Citizen Campus on apporte tous une pierre à l'édifice et on est tous acteurs, nos différences sont créatrices de nouvelles discussions.”


Cette discussion initie le temps de questions-réponse avec l’intervenant. Cette organisation permet de proposer des temps de réflexion sous plusieurs formes. C’est un apport pédagogique fort par rapport aux cours traditionnels possible grâce au petit nombre d’étudiants présents. La dimension collective est essentielle, le rôle de l’intervenant est donc de donner aux étudiants des éléments pour développer son esprit critique sur les changements actuels. "C'est aussi une façon d'amener les chercheurs à penser autrement l'interaction avec les non-experts" comme l’a constaté Serge Slama en nous confirmant que "Citizen répond en partie à ce besoin de décloisonnement disciplinaire et de rapports moins verticaux entre enseignants et étudiants".

C’est un format d’apprentissage qui développe l’esprit citoyen recherché par certains étudiants, comme l’un d’entre eux s’en réjouit :

"D'un point de vue universitaire j'en ressors une compétence d'esprit critique ou d'écoute intelligente : par les intervenants qui viennent et nous questionnent, mais aussi avec les autres étudiants de la formation avec qui on échange de manière très étroite [...] ça va donc au-delà des heures de la formation."


Dans cette configuration, semblable à un conseil citoyen, chacun a un temps de parole pour développer son point de vue et entendre celui des autres. C’est dans une approche d’écoute active que les étudiants peuvent développer une critique constructive. C’est aussi la diversification des points de vue qui permet de développer l’esprit critique de tous les participants, quelque soit leur niveau de formation ou leur discipline respective. Les organisateurs de Citizen Campus s’inscrivent dans une démarche de citoyenneté en intégrant de manière formelle des éléments de débats essentiels pour comprendre les enjeux futurs du numérique et de l’écologie. En favorisant la prise de parole des étudiants sur ces sujets. La formation marque son ancrage dans le milieu universitaire et dans l’actualité qui forge les citoyens d’aujourd’hui et de demain. 

 

Mis à jour le  13 avril 2021