En trail, 4x40 km n'est pas égal à 160 km

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Coureur de l'UT4M au-dessus de Grenoble © Thomas Vigliano
Coureur de l'UT4M au-dessus de Grenoble © Thomas Vigliano
Les premiers résultats de l'étude sur la fatigue et la récupération menée sur 80 coureurs lors de l'édition 2018 de l'UT4M enfin dévoilés !

Dans le cadre de la Chaire de recherche "Montagne, Altitude, Santé" de la Fondation UGA, une équipe de chercheurs et de médecins du laboratoire HP2 (Inserm / Université Grenoble Alpes) et de l’Unité Sports Pathologies du CHU de Grenoble, dirigée par Samuel Vergès, s'est associée à l'UT4M pour étudier la fatigue et la récupération des coureurs, lors de l'édition 2018 de cet ultra-trail. Les résultats inédits de cette étude ont été présentés en avant-première aux coureurs, aux partenaires et aux médias le mardi 25 juin 2019.

Une étude inédite

Quelle est l'influence de la distance de course sur la fatigue mesurée à l'arrivée ? Sur la récupération dans les 10 jours après la course ? La course de 160 km est-elle plus éprouvante que celle de 4x40 km ? Récupère-t-on plus vite après avoir couru 160 km d'une traite ou après 4x40 km ?

Pour tenter de répondre à ces questions, Samuel Vergès et son équipe ont recruté 79 coureurs volontaires participant à l'UT4M 2018 :

  • 29 sur l’Ut4M 160 Xtrem, un trail de 169 km à travers les 4 massifs entourant Grenoble (Chartreuse Belledonne, Vercors, Oisans).
  • 18 sur l'UT4M 40 Chartreuse, 40 km dans le Massif de la Chartreuse.
  • 12 sur le 100 Master : 95 km à travers les massifs de Belledonne et Chartreuse.
  • 20 sur le 160 Challenge : 4 courses de 40 km sur 4 jours à travers les 4 massifs.

"C'est vraiment la spécificité de cette étude" a expliqué Samuel Vergès lors de la présentation des premiers résultats. "Alors que les études dans le domaine du trail se focalisent sur une course, une distance, nous avons pu comparer différentes distances de 40 à 160 km et des formats de courses réalisés en une ou quatre étapes."

Présentation des résultats de l'étude menée sur les coureurs de l'UT4M

En trail, 4x40 km n'est pas égal à 160 km

Après une série d’évaluations initiales dans les semaines avant le départ de l’UT4M en juillet et août 2018, tous les coureurs ont répété une batterie d’évaluations physiologiques immédiatement à l’arrivée de leur course et au cours des 10 jours qui ont suivi. Il a fallu ensuite plusieurs mois aux chercheurs pour traiter et analyser en détails les milliers de données acquises. Elles leur ont permis de caractériser la fatigue musculaire, cardiaque et celle du système nerveux central induite par les différentes courses. Le sommeil des coureurs a également été analysé afin d’étudier son rôle dans les phénomènes de fatigue et récupération.

Il apparaît à ce stade que les différences les plus marquantes concernent le 4x40km qui ne correspond en rien aux autres courses, et en particulier à celle de 160 km. En trail, 4x40 km n'est donc pas égal à 160 km. Les différences observées, tant sur la fatigue que sur la récupération, pourraient être dues à une gestion différente de l'effort, ce qu'on appelle en trail, le pacing. Il semblerait en effet, que les coureurs du 4x40 km appréhendent et gèrent leur course chaque jour comme un 40 km sans considérer la fatigue totale qui s'accumule. La course de 4x40km, malgré ses temps de repos et sa distance fractionnée, semble donc plus éprouvante en plusieurs aspects que le trail de 160 km contrairement à ce que l'on pouvait imaginer.

Par ailleurs les résultats ont mis en valeur l’effet de la distance de course sur la typologie de la fatigue. Les distances de l’ordre du marathon parcourues à vitesse relativement élevée sollicitent tout particulièrement l’appareil musculaire, à la fois au niveau locomoteur et le muscle cardiaque, où se développe une fatigue importante et qui nécessite plusieurs jours pour récupérer.

Les distances plus longues (supérieures à 80 km) forcément parcourues à moindre vitesse induisent une fatigue musculaire comparables à celle des distances courtes mais provoquent un phénomène de fatigue spécifique au niveau du système nerveux central, récupérant cependant rapidement (quelques jours).

Finalement, le temps de course, la vitesse de course et l’éventuelle répétition de l’effort en plusieurs étapes sont des facteurs clés influant sur le type de fatigue induit et sa récupération.

Des données précieuses pour la recherche, des coureurs chaleureusement remerciés

Les coureurs participant à l'étude attendaient ces résultats avec impatience et ils étaient nombreux dans la salle à assister à cette présentation en avant-première. Ils ont été chaleureusement remerciés par tous les chercheurs et médecins de l'équipe, pour leur patience et leur disponibilité, certains ayant accepté de subir plusieurs heures de tests (parfois un peu douloureux).

Grâce à eux, l'équipe de la Chaire Montagne Altitude Santé a pu disposer de précieuses données recueillies en condition réelles. Les retombées de cette étude sont donc importantes pour le coureur de trail mais également pour les soignants, entraîneurs, organisateurs de courses et industriels concevant des produits à destination des sportifs.

Les travaux se poursuivent au sein de la Chaire non seulement par les analyses de données collectées lors de l’UT4M 2018 mais également via d’autres projets impliquant d'autres épreuves sportives et le suivi au long cours d’une large communauté de coureurs. Industriels, mécènes et chercheurs intéressés par les thématiques et projets de la Chaire Montagne Altitude Santé sont invités à contacter l’équipe. 

Publié le5 juillet 2019
Mis à jour le27 avril 2022