Séminaire Rythmologies : "Rythmes et révolutions"

Séminaire Recherche
le  15 février 2022À distance, Saint-Martin-d'Hères - Domaine universitaire
Cinquième conférence du séminaire Rythmologies (2021-2022) avec Sophie Wahnich, historienne.
Dans cette communication j'aimerais explorer ce qui sépare en période révolutionnaire une politique de l'émeute, une politique de la terreur et une politique des institutions civiles en termes de rythme.

L'hypothèse est la suivante. L'émeute révolutionnaire surgit mais ses acteurs doivent avoir longuement muri un texte caché, une formation discursive idéologique qui d'un seul coup apparait. Un mouvement populaire associe ainsi un rythme vif et un rythme très lent, la réussite de l'émeute témoigne d'une adéquation entre formation idéologique et formation sociale, mais elle ne devient révolution que si une formation politique a maturé sur le temps long lui aussi.

La terreur comme acte de jugement est comme l'éclair, il doit être attaché à la vitesse car cette question de la justice rendue est une course de vitesse pour ne pas laisser l'ennemi gagner justement la partie idéologique. La fulgurance est sa nécessité, une justice trop lente désespère les amis et laisse toute latitude à l'ennemi.  Enfin la politique des institutions civiles se heurte à une question difficile, ne pas confondre organisation sociale et organisme social, une belle constitution ne transforme pas par magie les mœurs d'un peuple. Il faut du temps, des gestes qui se répètent, une sorte de religion civile qui transforme en profondeur les réactions instinctives, les évidences sociales et politiques, les facultés de juger.

Ces différences de rythme sont réfléchies par les révolutionnaires mais ils n'ont pas de point d'accord sur ce partage. Le 9 thermidor nait peut être de ce différend non sur le projet politique mais sur les rythmes d'agir qui pourraient  le faire advenir.          

Intervenant

Sophie Wahnich est directrice de recherche première classe en science politique au CNRS. Elle est spécialiste  de la révolution française envisagée dans un rapport passé présent et travaille plus spécifiquement sur les émotions révolutionnaires.

Elle a notamment publié : La liberté ou la mort essai sur la terreur et le terrorisme (La fabrique, 2003) ; La longue patience du peuple. 1792, naissance de la république (Payot, 2008) ;  Les émotions, la révolution française et le présent (CNRS Editions, 2009) ; La révolution française n'est pas un mythe (Payot, 2017).

En pratique

Ce séminaire se tiendra à la fois :
  • En présentiel (à la MSH-Alpes) sur inscription obligatoire,
  • En distanciel (visioconférence Zoom) sans inscription.
 
 
Partenaire(s) : Laboratoire de Recherche en Architecture (LRA - ENSA Toulouse) ; Laboratoire de sociologie urbaine (LASUR - EPFL).
Publié le  30 septembre 2021
Mis à jour le  30 septembre 2021