Dans la société d’Ancien Régime, le mot d’inceste ne désignait pas, comme aujourd’hui, des actes de violence sexuelle considérés comme passés sous silence parce que commis sur un enfant dans le cadre familial. Il s’agissait plutôt d’unions sexuelles illicites pour cause de parenté, qui faisaient l’objet d’une profusion de discours selon les branches du droit (canonique, criminel) ou les juridictions (religieuses, séculières) qui pouvaient s’en saisir.

Dans ce contexte, comment l’inceste criminel était dit, dénoncé, décrit, voire jugé et puni dans les tribunaux criminels du royaume au XVIIIe siècle ? Avec quels mots ? A quelles fins ? Pour dénoncer quels actes ? Outre ces enjeux de dénomination et de qualification, il s’agira de déterminer sur quels critères de genre et d’âge l’inceste pouvait (ou pas) être assimilé à une forme de violence sexuelle intrafamiliale au XVIIIe siècle.

L'intervenante

Julie Doyon est maitresse de conférences en histoire moderne à l'Université Lumière Lyon 2 (LARHRA, UMR 5190). Après sa thèse sur le crime de parricide au siècle des Lumières, ses recherches se sont portées sur les interactions entre droit pénal et familles à la croisée de l’histoire du droit et de la justice criminelle, de l’histoire sociale de la famille, de l’enfance, des sexualités, des études de genre, ainsi que de l’anthropologie de la parenté aux XVIIIe-XIXe siècles. Dans le cadre de l’ANR DERVI (« Dire Entendre Restituer les Violences Incestueuses », CEMS-EHESS/CNRS, CRHXIXe-université de Paris 1, 2019-2024), ses travaux se sont plus spécifiquement attachés à la saisie de l’inceste en contexte judiciaire à l'époque moderne.

Plus d'informations sur le site web de la MSH Alpes