STEP : vers une nouvelle approche thérapeutique des épilepsies réfractaires

Recherche
le  29 avril 2021
Le projet intitulé Synchrotron Therapy for EPilepsy (STEP), coordonné par Antoine Depaulis, Directeur de recherche Inserm au Grenoble institut des neurosciences (GIN) et financé par l’Agence nationale de la recherche, vient d'être lancé pour une durée de 4 ans. Ce projet réunit des équipes du GIN (Inserm/UGA), du CHUGA, de l'Installation européenne de rayonnement synchrotron (ESRF), de la plateforme d’imagerie IRMaGe et de l’INRAE à Rennes. Il vise à développer une thérapie innovante des épilepsies réfractaires en utilisant les propriétés particulières du synchrotron.

Le besoin de nouveaux traitements pour les épilepsies

L’épilepsie est une maladie neurologique qui affecte près de 1% de la population mondiale (soit près de 60 millions de patients) et qui se manifeste par des crises récurrentes et s’associe souvent à des troubles cognitifs et/ou émotionnels. Malgré la découverte de plusieurs médicaments efficaces, environ un tiers des personnes qui souffrent d’épilepsie ne peuvent être soignées efficacement. Pour certaines de ces personnes, le prélèvement de la zone épileptique du cerveau par neurochirurgie, est actuellement l'option thérapeutique de référence. Cette technique est efficace dans 50 à 80% des cas et le CHU Grenoble Alpes détient une expérience de plus de 30 ans dans cette approche thérapeutique et les examens cliniques qu’elle nécessite. Cette technique très invasive reste toutefois risquée et peut s’accompagner d’effets secondaires. Le développement d’approches thérapeutiques innovantes, non invasives et moins risquées, est ainsi l’une des priorités de la recherche en épileptologie.

L’irradiation par microfaisceaux de rayons X

Au cours des vingt dernières années, le flux extrêmement élevé de photons générés par les synchrotrons de 3e génération, a permis le développement de nouvelles stratégies d'irradiation très prometteuses pour une radiothérapie innovante. En particulier, la possibilité de diviser les rayons X générés par le synchrotron, faiblement divergents, en réseaux de microfaisceaux de 50 microns de large, séparés par 200-800 microns, a permis l'émergence de la « Microbeam Radiation Therapy » ou MRT. Plusieurs études précliniques réalisées par les partenaires de STEP et d'autres groupes ont montré que la MRT représente une procédure particulièrement sûre pour traiter des régions spécifiques du cerveau, sans les effets secondaires tissulaires, vasculaires ou comportementaux parfois induits par la radiothérapie conventionnelle. La collaboration entre ingénieurs, chercheurs et cliniciens de la ligne de faisceaux biomédicale (ID17) de l'Installation européenne de rayonnement synchrotron (ESRF) à Grenoble, des équipes de l’Université Grenoble Alpes, de l'Inserm et du CHU Grenoble Alpes a permis de montrer l'efficacité de la MRT chez l’animal pour supprimer les crises d’épilepsie pendant plusieurs mois, sans effets délétères. Ainsi, la MRT a le potentiel de devenir une technologie de rupture pour le traitement de maladies où la cible est entourée de tissus dont la fonction doit être préservée, comme c’est le cas dans les épilepsies focales et dans plusieurs autres maladies neurologiques.

L'objectif principal de STEP est de collecter toutes les données précliniques nécessaires sur l'efficacité et l'innocuité des microfaisceaux générés par synchrotron, afin de permettre le premier essai clinique chez des patients atteints d'épilepsie focale réfractaire à l’horizon 2025-2026. STEP représente la transition entre 20 ans de recherche fondamentale sur la MRT et le développement clinique d'une approche innovante de radiochirurgie des maladies cérébrales qui bénéficiera pleinement des performances du synchrotron de 4e génération de l’ESRF.

STEP rassemble 4 équipes de recherche dont l’expertise préclinique et/ou l'expérience de l'irradiation par MRT, ainsi que l'étroite collaboration avec le CHU Grenoble Alpes, devraient permettre la réalisation du tout premier essai clinique de la MRT. Pour atteindre cet objectif ambitieux, STEP déterminera le protocole optimal de MRT pour une suppression efficace des crises en dessous des seuils de toxicité. Ces données permettront de préparer la documentation requise par les organismes français de réglementation et de sécurité afin de concevoir un protocole adapté pour le premier essai chez des patients épileptiques.
Publié le  29 avril 2021
Mis à jour le  30 avril 2021