EXPÉDITION 5300 : une aventure scientifique et humanitaire qui a besoin de vous !

Recherche
le  17 janvier 2020
Projection en avant-première du documentaire EXPÉDITION 5300 à la Maison Minatec le mercredi 8 janvier 2020 ©Tom BOUYER
Projection en avant-première du documentaire EXPÉDITION 5300 à la Maison Minatec le mercredi 8 janvier 2020 ©Tom BOUYER
Le mercredi 8 janvier 2020, l’amphi Minatec était comble pour la projection en avant-première du documentaire EXPÉDITION 5300. 400 personnes ont découvert des images inédites et exclusives de la ville la plus haute du monde, La RinconadaauPérou. Une occasion de découvrir les résultats préliminaires de l’étude et d’en apprendre plus sur la suite de l’expédition en 2020. Participez à cette aventure scientifique et humanitaire, en faisant un don pour l'achat de fournitures scolairesetde kits de soin de première nécessité pour la population de La Rinconada.
Début 2019, une équipe de scientifiques grenoblois (UGA, Inserm, CHUGA) s’est rendue dans la ville la plus haute du monde, La Rinconada, au Pérou, à 5300 mètres d’altitude, où plus de 50 000 personnes habitent en permanence dans des conditions aux limites de la tolérance humaine.

Sur le plan scientifique, l’expédition vise à identifier les mécanismes d’adaptation physiologique qu’ont développés les habitants et à comprendre pourquoi beaucoup d’entre eux contractent des maladies spécifiques liées au manque d’oxygène (taux réduit de 50% par rapport au niveau de la mer).

Sur le plan humanitaire, l’expédition met en place un soutien logistique et humain pour aider cette population à vivre dans des meilleures conditions au sein de cet environnement extrême.

EXPEDITION 5300 est l’un des projets phares de la Chaire Montagne Altitude et Santé de la Fondation Université Grenoble Alpes.

La ville péruvienne de La Rinconada à 5300 mètres d’altitude ©Tom BOUYER
La ville péruvienne de La Rinconada à 5300 mètres d’altitude ©Tom BOUYER

Retour de mission, de premiers résultats scientifiques très prometteurs

Après un an d’analyse des résultats et à quelques jours d’un nouveau départ de l’équipe pour la suite des travaux à La Rinconada, Samuel Vergès, chercheur Inserm, physiologiste au sein du laboratoire Hypoxie Physiopathologies (HP2 – UGA/Inserm), a présenté les premiers résultats de cette expédition scientifique hors normes lors d’une conférence de presse mercredi 8 janvier 2020.

Samuel Vergès, chercheur Inserm au laboratoire HP2, responsable de l’expédition répond aux questions des journalistes ©Axel PITTET
Samuel Vergès, chercheur Inserm au laboratoire HP2, responsable de l’expédition répond aux questions des journalistes ©Axel PITTET

Premier constat, la vie humaine est possible au-delà de 5000 mètres d’altitude alors que l’on considérait jusqu’à maintenant que cela était impossible. La ville de La Rinconada qui s’étend de 5100m à 5300m en est la preuve puisqu’elle accueille depuis longtemps (les Incas vivaient déjà ici !) des populations plus ou moins sédentarisées attirées par les mines aurifères. Mais quels sont les effets de l’altitude sur les personnes qui habitent en permanence dans la ville la plus haute du monde ?

En février 2019, Samuel Vergès réalisait avec plus d’une dizaine de scientifiques et médecins spécialistes de l’hypoxie (manque d’oxygène) les premières expériences sur une centaine de péruviens volontaires : 20 à Lima (niveau de la mer), 20 à Puno (3800m) et 60 à La Rinconada (5300m).

L’objectif était double : étudier pour la première fois cette population, la plus haute du monde, sur le plan génétique, hématologique et cardiovasculaire afin de comprendre comment et dans quelles conditions la vie est possible à cette altitude malgré le manque d’oxygène mais aussi déterminer les facteurs de tolérance ou non à l’hypoxie.
Ces études devraient permettre in fine d’aider au soin de maladies entraînant une hypoxie, mais également de contribuer à la conquête spatiale.

Les équipes grenobloises à l’œuvre à La Rinconada ©Tom BOUYER
Les équipes grenobloises à l’œuvre à La Rinconada ©Tom BOUYER

D’après les premiers résultats obtenus par l’équipe d’EXPÉDITION 5300, on note que pour compenser le manque d’oxygène dans l’air, les habitants de La Rinconada produisent un nombre anormalement élevé de globules rouges, les transporteurs d’oxygène dans le sang. Pour un habitant de Grenoble, les globules rouges représentent 40% de son volume sanguin. À 3800m, le taux de globules rouges dans le sang (hématocrite) atteint 56%, soit un taux dépassant déjà celui des athlètes. À 5300m, les chercheurs observent des valeurs bien plus impressionnantes pouvant aller jusqu’à 85%, soit le taux le plus élevé au monde jamais mesuré chez l’être humain auparavant. Malgré ces valeurs élevées, le sang ne se charge qu’à 82% en oxygène contre 98% en temps normal. Leur sang est alors extrêmement visqueux, si bien qu’il bouche les machines d’analyses médicales, qu’il est difficile à prélever et qu’il serait déconseillé de le transfuser à un habitant de Grenoble sous peine de lui déclencher un accident vasculaire en quelques minutes ou heures.

Ces premiers résultats des recherches montrent que ces péruviens ont développé au fil des générations des adaptations génétiques uniques pour tolérer un sang aussi concentré en globules rouges. On observe notamment que la pression artérielle des habitants de La Rinconada reste correcte ce qui témoigne de leur capacité d’adaptation à ces facteurs hématologiques. Pourtant les conséquences sur leur organisme sont importantes, un sang si visqueux représentant une menace pour leur santé, notamment au niveau du cœur et du cerveau. En effet, pour compenser cette viscosité, le cœur est en surcharge permanente ce qui peut entrainer une décompensation. Par ailleurs, on observe que 25% des habitants développent le syndrome du mal chronique des montagnes (dont 5% de cas sévères), un état inflammatoire et un stress oxydant élevé illustrant l’état de lutte permanente dans lequel est l’organisme humain à une telle altitude.

En 2020, 1er essai clinique dans la ville la plus haute du monde

Lors de la première mission en 2019, les chercheurs grenoblois ont découvert les conditions sanitaires extrêmement difficiles dans lesquelles vivent les habitants de La Rinconada. Ils ont également observé que les adaptations génétiques exceptionnelles des habitants ne suffisent pas et qu’ils peuvent souffrir de ces conditions extrêmes. Les habitants ayant participé à la première partie de l’étude ont d’ailleurs manifesté leur inquiétude quant à leur santé.

Suite à la mission de 2019, les chercheurs ont sélectionné des traitements susceptibles d’améliorer l’état de santé des habitants présentant un mal chronique des montagnes et une intolérance à l’altitude.

Le 26 janvier 2020, un an après la première phase d’EXPÉDITION 5300, toute l’équipe est partie à nouveau pour 5 semaines de mission sur place pour effectuer le premier essai clinique contrôlé randomisé visant à soigner au mieux les personnes souffrant du manque d’oxygène.

Les chercheurs évalueront 60 habitants volontaires de La Rinconada avant et après 3 semaines de traitement afin d’en évaluer les effets à court terme. Ensuite, ces habitants se verront remettre les traitements pour 6 mois et toute l’équipe retournera à La Rinconada en août 2020 pour évaluer les effets à plus long terme de ces traitements sur la santé des habitants malades.

Si les résultats sont concluants, il sera possible de recommander à la population et en particulier aux habitant malades certains traitement pour améliorer leur état de santé. Le choix des médicaments a d’ailleurs été fait pour leurs propriétés bien sûr mais également pour la facilité à se les procurer dans des zones reculées comme La Rinconada.

Participez à cette aventure humanitaire, faites un don !

Au-delà de l’aspect scientifique, EXPÉDITION 5300 a également une forte dimension humanitaire et sanitaire dans l’optique d’améliorer les conditions de vie des habitants de La Rinconada.

En parallèle du projet scientifique en lui-même, EXPÉDITION 5300 vise donc à rassembler les moyens, compétences et acteurs capables d’apporter un soutien logistique et humain répondant aux besoins de la population, que ce soit en termes d’équipement médical, de formation des soignants, d’actions auprès des écoles, etc.

Dans ce cadre, EXPÉDITION 5300 lance un appel aux dons auprès du grand public, en parallèle de la démarche scientifique. L'objectif ? Acheter des fournitures scolaires et des kits de soin de première nécessité pour la population.

Plus d’informations

Rendez-vous sur : https://expedition5300.com/
 
Publié le  17 janvier 2020
Mis à jour le  28 janvier 2020