Quand l’UGA soutient la poursuite d’études en prison

Formation, Action sociale, Innovation pédagogique
le  7 juin 2021
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L’UGA est partenaire du Diplôme d’accès aux études universitaires (DAEU) Sonate, un dispositif national financé par l’Agence nationale de la recherche dont la vocation est de permettre à des publics empêchés de préparer à distance leur diplôme. L’UGA porte plus particulièrement depuis trois ans l’expérimentation de Sonate pour les publics en détention.
Comment donner toutes leurs chances à des personnes en prison de réussir leur DAEU malgré les contraintes du milieu pénitentiaire ? C’est le défi que l’UGA a souhaité relever en proposant d’expérimenter Sonate dans les prisons. Le premier atout du dispositif Sonate par rapport aux DAEU classiques portés par l’éducation nationale et qui fonctionne déjà dans les prisons, c’est que tout le programme est rassemblé sur une plateforme numérique partagée avec des contenus élaborés et mis à jour par les 11 universités partenaires. L’UGA par exemple contribue pour les ressources et l’enseignement de l’anglais. « En cas de transfert d’une région à une autre, les personnes détenues peuvent continuer leur programme » souligne Mireille Baurens, Chargée de projet Prison de l’UGA ; elle ajoute : « Cette expérimentation devrait assurer une continuité de la trajectoire étudiante. Théoriquement quand les personnes détenues sortent de prison, les études peuvent être poursuivies en présentiel à l’UGA. »

L’interdiction d’accéder à Internet pour les détenus a constitué un défi à relever pour rendre accessible la plateforme Sonate. L’ensemble des contenus pédagogiques du DAEU déposés sur ordinateurs ont dû être retravaillés dans le cadre d’ajustements techniques par l’équipe Sonate pour ne pas renvoyer vers des ressources extérieures sur Internet.

Une expérimentation à Villefranche pour favoriser le travail individuel en cellule

Enfin, parmi les contraintes très fortes de la détention, il y a le temps passé en cellule qui est très important et peu propice aux études avec un accès aux salles informatiques qui est très limité car compliqué à mettre en place dans la journée pour des petits groupes d’élèves. Dans le cadre de son partenariat, l’UGA contribue dans ce domaine en fournissant une trentaine d’ordinateurs qui équipent les salles communes. À Villefranche, l’expérimentation va encore plus loin puisque l’éducation nationale a fourni 10 ordinateurs portables individuels à des élèves en détention dans le cadre du DAEU Sonate pour qu’ils puissent travailler en cellule. « Une année de DAEU c’est 330 heures de formation et autant de travail personnel à fournir soit un travail quotidien de 3 heures par jour pour une personne détenue » indique Fabienne Dinale-Lopez responsable du DAEU à l’UGA. Les épreuves du DAEU sont organisées à l’intérieur de chaque centre de détention, encadrées par le responsable local d’enseignement.

L’expérimentation rentre dans sa troisième année et concerne toutes les prisons de la région Auvergne Rhône-Alpes. Depuis l’automne 2018, 67 personnes en détention ont pu bénéficier de cet accompagnement qui est pris en charge pendant la phase expérimentale par l’UGA.

Pour continuer à pouvoir proposer ce dispositif à l’issue de la période expérimentale financée par l’ANR et qui se termine en décembre 2021, l’UGA recherche des mécènes notamment via la Fondation de Sciences-Po Grenoble – UGA. La Région s’est déjà engagée pour l’année 2021-2022 à financer le DAEU Sonate de 10 personnes en détention.

Si pour l’instant le taux de réussite des publics détenus reste très bas par rapport à la moyenne de réussite de Sonate au plan national (11% contre 50%), les mesures de mises à disposition d’ordinateurs individuels devraient pouvoir améliorer sensiblement ces résultats en favorisant le travail personnel en cellule.
 
Publié le  7 juin 2021
Mis à jour le  7 juin 2021